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qu’ont dit et répété les partisans de la nationalisation ou municipalisation des terrains et des immeubles urbains, de la façon suivante :

1° Cessation d’un des nombreux et multiformes parasitismes sociaux. En effet, le loyer que perçoit le premier et réel accumulateur des épargnes ayant servi à l’édification d’un immeuble peut être considéré comme un prix accordé à son abstinence, et ce prix est sans doute équitable, il provoque sans doute la multiplication nécessaire des maisons d’habitation. Mais le loyer payé à l’héritier du constructeur est un phénomène de parasitisme analogue au paiement du loyer du terrain au propriétaire foncier qui n’a jamais contribué au défrichement ou à la fertilité de ses domaines.

2° Cessation d’une iniquité de la constitution économique actuelle qui se cache sous le phénomène de la rente du terrain. Aujourd’hui, l’élévation rapide, parfois énorme, parfois invraisemblable de cette rente dans les grandes villes en voie de développement, enrichit démesurément un très petit nombre d’individus qui n’ont pas le moindre mérite à cette augmentation de leur fortune. « Le propriétaire privé des immeubles urbains jouit d’un extraordinaire accroissement de son revenu, grâce à l’élévation de la rente du terrain et du loyer de l’immeuble, et d’un extraordinaire accroissement de son patrimoine, grâce à la plus grande valeur acquise par l’immeuble même. Et il ne mérite ce gain par aucun effort ; il l’empoche aux frais du reste de la