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ŒUVRES DE HARDY

même cesse d’être un arbre et revient à sa première forme, à la condition toutefois de ne pas revenir aussi à ses vices.

III. — Le Triomphe d’Amour.
(T. IV, p. 479 à 607.)

L’intrigue principale du Triomphe d’Amour[1] ressemble beaucoup à celle d’Alcée. Il s’agit encore d’une bergère, Clytie, dont la main est disputée par un berger riche et par un berger pauvre. Tandis que le pauvre, Céphée, possède son affection, le riche, Atys, s’obstine à la vouloir conquérir et repousse les avances de la malheureuse Aegine. Comme dans Alcée, Atys finit par avoir recours au père, qui, dans les deux pièces, d’ailleurs, s’appelle Phœdime[2]. Celui-ci, ébloui, promet sa fille à un prétendant que recommande sa fortune, et Clytie, aussi bien qu’Alcée, supplie son père de ne pas faire violence à ses sentiments. On devine que le mariage n’a pas lieu : Clytie est enlevée et, après un procès qui termine le cinquième acte, elle obtient enfin d’épouser Céphée. Atys reconnaît les qualités d'Aegine et l’épouse.

Ainsi les deux pièces ont le même point de départ et le même point d’arrivée ; mais les chemins parcourus sont très différents. Dans Alcée, la marche de l’intrigue était quelque peu réglée par les caractères et par les passions des personnages ; dans le Triomphe d’Amour, c’est le hasard qui mène tout.

Le premier acte seul fait exception, et c’est celui où les réminiscences d’ Alcée sont le plus nombreuses. Hardy oppose bien l’assurance simple et courageuse de Céphée à la fatuité hautaine et légèrement ridicule d’Atys ; les plaintes d’Aegine sont touchantes malgré leur préciosité ; Clytie est douce et bienveillante pour cette dédaignée ; enfin la scène entre le père et la fille est pleine de sentiments justes, assez fortement exprimés parfois.

  1. Mise en scène supposée : Sur les côtés, la maison de Phtaedime ; — le temple de Pan ; — une grotte, dont l’intérieur est visible au public par la section qu’y forme l'avant-scène, mais dont l’ouverture qui donne sur la scène même est basse, fermée par une porte et cachée par d'épais halliers. — Le reste du théâtre est en pastorale et forme plusieurs compartiments. On y remarque deux autres grottes, un rocher pointu, dés chênes et un érable. — Levers de lune et de soleil acte 10, se. 1, p. 529, et acte III, se. m, p.538). La durée de l’action pourrait, à la rigueur, n’être pas supérieure à vingt-quatre heures.
  2. Il n’y a qu’une légère différence orthographique entre les deux noms : Phædime et Phédime.