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Le gouvernement provisoire arrêta plusieurs de ces courriers. Quand la nature des dépêches dont ces hommes avaient consenti à se charger fut connue des soldats Métis, ceux-ci, indignés, demandèrent tous, capitaines et soldats, que le plus coupable William Goddy, qui s’était fait le porteur de pareils ordres dans sa propre patrie, fût sur le champ fusillé. Il fut conduit dans un des bastions du Fort pour y être exécuté.

Cette attitude des Métis, les bons conseils de beaucoup de citoyens marquants et paisibles, et un avertissement que le Président du gouvernement provisoire adressa lui-même aux révoltés, finirent par en calmer et à disperser un grand nombre vers le soir du 16 Février.

Revenons à William Goddy. Tout le monde le croyait mort. Mais il était plein de vie, grâce aux officiers généraux, A. D. Lépine et Elzéar Goulet qui, par leurs soins, n’avaient fait que le soustraire à la vindicte publique, en le faisant passer pour mort dans son obscur bastion. C’est ainsi que des nobles cœurs, comme A. D. Lépine, maintenant prisonnier politique à Manitoba, et Elzéar Goulet, qui a été assassiné, en plein jour, au milieu de la ville de Winnipeg, et impunément, peu de temps après l’arrivée du colonel Wolsely et du lieutenant gouverneur canadien dans notre Province, se plaisaient à traiter leurs ennemis.

Dans la matinée du 17 Février, apparut en rase compagnie, à deux milles seulement du Fort Garry, une troupe de 48 hommes armés, à la tête desquels se trouvaient plusieurs des principaux conspirateurs amis du Dr. Schultz.

Lépine, adjudant-général, prend avec lui 30 cavaliers et une centaine de fantassins, et au lieu de rosser cette poignée d’ennemis, il marche droit à eux, leur fait rendre les armes, et les emmène captifs en dedans des murs. Il me semble que c’était une façon généreuse d’exercer les droits de la guerre. La seule vie du major Boulton, chef de la bande, allait payer pour les autres, lorsque M. D. A. Smith demanda au Président du gouvernement provisoire de lui faire grâce. Le Président répondit que, malgré tout encore, Boulton serait infailliblement épargné, si toutes les localités rebelles à l’œuvre de la convention, voulaient définitivement reconnaître et appuyer le gouvernement provisoire.

À la suggestion du Président lui-même, dont une des premières ambitions était de rétablir la paix, sans aucune effusion