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fait son cœur selon le cœur de tous les hommes. L’homme vertueux, nous devons le traiter comme un homme vertueux ; l’homme vicieux, nous devons également le traiter comme un homme vertueux. Voilà la sagesse et la vertu. » Et ailleurs : « Celui-là seul peut être nommé éclairé qui se connaît lui-même ; celui-là seul peut être nommé fort qui se dompte lui-même ; celui-là seul peut être nommé riche qui connaît le nécessaire. Il n’y a que les œuvres difficiles et méritoires qui laissent des traces dans la mémoire des hommes. » La morale du philosophe chinois est austère dans ses principes, mais elle révèle une âme généreuse. Il adresse de sages conseils aux rois et les engage à remplir leurs devoirs et à ne pas s’appuyer sur la force brutale, car leur pouvoir n’aurait que la durée d’un matin. « Si le peuple souffre de la faim, dit-il, c’est que de trop grands impôts pèsent sur lui ; voilà la cause de sa misère. Si le peuple est difficilement gouverné, c’est qu’il est surchargé de trop grands travaux ; voilà la cause de son insubordination. Si le peuple voit arriver la mort avec insouciance, c’est qu’il a trop de peine à se procurer la vie ; voilà pourquoi il meurt avec si peu de regret. » Malheureusement, la doctrine de Lao-Tseu fut altérée et corrompue par ses sectateurs qui, pour augmenter le nombre des docteurs de la raison (ils s’appelaient ainsi), établirent un culte plein de superstitions. La pureté des dogmes antiques disparut peu à peu, et cette secte, quoique ayant encore dans les basses classes un assez grand nombre de partisans, est tombée dans le mépris. Le culte de Lao-Tseu n’est aujourd’hui, comme on l’a dit avec raison, qu’une jonglerie sans pudeur exploitant une stupide crédulité.

Après Lao-Tseu, mais à la même époque, parut le fondateur d’une nouvelle secte qui est devenue la religion des grands, des lettrés, la religion dominante. Ce philosophe était Khoung-Fou-Tseu, connu des Européens sous le nom de Confucius. La reli-