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« Le 26 juin, après la ratification du traité, qui fut suivie de salves d’artillerie et de feux de joie, Ke-ying vint chez moi pour dîner : il était encore tout étonné de la cérémonie. Plusieurs officiers chinois prirent part au repas avec beaucoup d’empressement. Ke-ying leur offrit de boire du vin, et comme on lui fit remarquer que cette boisson lui était défendue parce qu’il est affecté d’une maladie cutanée, il répondit : « Demain aura soin de lui, je suis trop heureux ce soir. » Alors, se retournant vers moi, il exprima son chagrin de ne pouvoir me faire comprendre ses secrets, et il dit à M. Morrisson (l’interprète) de m’expliquer que, s’il se grisait, je devrais lui fournir un lit pour la nuit.

« Lorsque le dîner fut fini, je proposai un grand toast à la santé de la reine d’Angleterre et de l’empereur de la Chine et à la continuation de la paix entre les deux puissances. Les officiers chinois se joignirent au toast avec beaucoup de plaisir. Je remarquai que Ke-ying était un peu musicien, car lorsque notre musique jouait quelque air national, je l’entendais fredonner et arranger les notes à ses airs nationaux. Je proposai alors de chanter ; Ke-ying commença aussitôt ; Kwang et Hieu-Ling (les deux autres commissaires) l’imitèrent, et tous les officiers suivirent, à leur tour. Nous nous séparâmes très-tard. Avant de nous quitter, Ke-ying et les deux commissaires commencèrent à jouer à pair ou non, en levant vivement leurs doigts. C’est là une partie qu’ils jouent presque toujours dans leurs réunions, et le perdant est forcé de boire un verre de vin. Ke-ying venait de jouer avec Hieu-Ling, et celui-ci avait perdu. Hieu-Ling remplit de vin un verre qui déjà était à moitié plein ; mais Ke-ying le força de le vider et d’en boire un autre pour sa perte. »

Le traité de Nankin est excessivement avantageux au commerce anglais. Il n’y a été nullement question de la vente de l’opium, ce qui pourtant avait été la cause unique de la guerre. Aussi, avons-