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officielle qui peint parfaitement le caractère chinois. Les mandarins discutent d’un ton d’indignation chaque demande des Anglais, mais ils finissent par prier l’Empereur de vouloir bien faire cette concession aux barbares. Leur orgueil ne veut pas avouer qu’ils sont vaincus ; on dirait qu’ils font une grâce à leurs ennemis. Le gouverneur de Canton, en engageant ses subordonnés à respecter les conventions, rappela que l’Empereur, « avec une libéralité grande comme celle du ciel et une bienveillance universelle, avait traité les Anglais avec douceur. Aussi, ajoute-t-il, ont-ils déposé les armes, rendu hommage à un traitement si doux et cédé à l’influence de la civilisation. »

Les ratifications du traité furent échangées avec solennité à Hong-Kong, devenu possession anglaise, entre sir Pottinger et le grand mandarin Ke-ying, personnage fort important et membre de la famille impériale. Le mandarin fut reçu avec distinction, et parut charmé de l’accueil qu’on lui faisait. Les détails pleins d’intérêt de cette entrevue sont rapportés dans une dépêche de sir Pottinger à lord Aberdeen, ministre des affaires étrangères.

« Vers le soir, dit-il, le haut commissaire impérial Ke-ying vint, comme il me l’avait promis, pour dîner avec moi ; et après que lui et ses deux compagnons, Kwang et Hieu-Ling, se furent dépouillés de leurs pardessus et de leurs chapeaux, comme c’est l’usage dans quelques parties de la Chine, nous nous assîmes quelques instants dans le salon, en attendant que le dîner fût servi. Pendant ce temps, l’attention de Ke-ying se porta sur les portraits en miniature de quelques membres de ma famille qui se trouvaient précisément sur la table. Il pria M. Morrisson (l’interprète) de me dire qu’il n’avait pas d’enfants, et qu’en conséquence il désirait adopter mon fils aîné, et de me demander si je voudrais permettre que ce jeune homme vînt en Chine. Je répondis qu’il faudrait d’abord terminer l’éducation de mon fils, et que,