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teurs et malade lui-même, résigna son commandement entre les mains du commodore sir Gordon Bremer, qui continua les négociations. Le commissaire impérial, malgré les menaces des Anglais, reculait sans cesse devant une réponse définitive. Sir Bremer, qui attendait dans le golfe de Macao le résultat de ces négociations inutiles, se décida à frapper un grand coup. Le 7 janvier 1841, il fit débarquer les troupes, et après un combat de quelques heures le pavillon britannique flottait sur les forts qui défendaient les côtes de l’Empire. Les Chinois perdirent près de six cents hommes, quatre-vingt-deux pièces de canon et un grand nombre de jonques de guerre réfugiées dans la baie d’Anson. Cet acte décisif effraya le gouvernement chinois qui céda l’île de Hong-Kong aux Anglais ; mais les forts lui furent rendus.

Quelques jours après, une entrevue eut lieu entre le capitaine Elliot et le mandarin Kea-shen. Ils convinrent de signer la paix, et les bases du traité furent complètement arrêtées ; mais ce n’était qu’une ruse du commissaire impérial pour gagner du temps et réunir des troupes. Lorsqu’il fallut ratifier le traité, Kea-shen demanda délais sur délais ; il n’avait d’autre but, comme il le dit lui-même, « que d’amuser les Anglais pendant quelque temps encore, afin de se préparer à les exterminer quand l’occasion s’en présenterait. » Les chefs de l’expédition anglaise avaient ordre d’employer les moyens de conciliation de préférence à la force ; cependant, quand ils apprirent que Kea-shen avait encore abusé de leur bonne foi, ils durent recommencer les hostilités. La flotte rentra dans les eaux du Bogue.

Les Chinois avaient profité de la trêve pour faire des préparatifs militaires immenses. Les forts de la côte avaient été réparés et étaient défendus par une nombreuse artillerie ; mais ils ne purent résister à la tactique européenne, et toutes les positions furent successivement occupées (février 1844). Les indigènes perdirent beau-