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le pouvoir militaire, sans admettre les Chinois à d’autres emplois que ceux de l’ordre civil, les dominateurs d’aujourd’hui pourront maintenir le peuple dans leur dépendance, car ils seront à ses yeux les distributeurs tout-puissants des peines et des récompenses. Mais aussi, que la détresse et la misère se répandent sur le pays, et rien ne pourra empêcher la chute du gouvernement actuel. » Nous ne possédons, du reste, comme on l’a vu, que peu de renseignements sur le règne de Kia-king et sur les premières années du règne de Tao-Kouang ; car l’histoire d’une dynastie n’est rendue publique qu’après sa chute, Nous savons seulement que les persécutions contre les missionnaires n’ont pas cessé ; en 1857, l’Empereur a défendu de nouveau, sous les peines les plus sévères, la prédication du christianisme dans ses États.

Ce fut deux ans après qu’éclatèrent entre l’Angleterre et la Chine les dissentiments qui ont amené la guerre et attiré de nouveau sur le Céleste Empire l’attention de l’Europe entière. Ici les documents abondent, du moins pour l’histoire de cette guerre, car les Anglais n’ont pas pénétré assez avant dans la Chine pour pouvoir connaître d’une manière précise l’état de cette merveilleuse contrée.

L’expédition des Anglais, qui doit influer certainement sur l’avenir de la Chine, a eu pour but, comme la plupart des guerres de ce peuple, la défense de leurs intérêts commerciaux. Depuis à peu près soixante ans, des marchands anglais, et surtout la Compagnie des Indes, exportent en Chine de l’opium, qui n’est autre chose, comme on le sait, qu’un suc de pavot très-soporatif. Ce pernicieux narcotique, qui produit une ivresse mortelle, est recherché par les Chinois avec une avidité inexprimable, une passion aveugle qui ne recule pas même devant la mort. Pour donner à nos jeunes lecteurs une idée des ravages que produit l’opium en Chine, nous extrayons le récit suivant d’un ouvrage de lord Jocelyn, officier anglais qui faisait partie de l’expédition :