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une haute protection aux missionnaires jésuites, qui avaient pénétré en Chine vers la fin de la dynastie des Ming. Il étudiait avec eux, et il leur fit exécuter de grands travaux ; ils avaient l’intendance de l’astronomie et du tribunal des mathématiques. Mais les persécutions, commencées en 1615 contre les missionnaires européens, ne cessèrent pas sous ce règne. Malgré son affection pour plusieurs savants jésuites, l’Empereur s’opposa à la propagation du christianisme dans ses États. Après vingt-deux ans de proscription, les missionnaires obtinrent en 1692 une déclaration impériale qui leur permettait le libre exercice de leur culte ; mais Khang-hi revint bientôt sur sa première décision ; le christianisme fut prohibé, et un grand nombre d’églises démolies et profanées.

Le fils de Khang-hi, Young-tching, fut un prince distingué, et les missionnaires contre lesquels il prit des mesures rigoureuses ne lui en ont pas moins rendu justice. Son successeur, Khian-Loung (1736-1795), mérite les mêmes éloges. Il augmenta le territoire de l’Empire en faisant la conquête de la Petite Boukharie, et la domination chinoise s’étendit encore une fois à l’extrémité de la Tartarie, sur les confins de la Perse. La prospérité la plus grande ne cessa de régner en Chine pendant ce règne glorieux. D’un caractère ferme et juste, d’un esprit pénétrant, d’une prodigieuse activité, Khian-Loung a laissé un nom justement vénéré des Chinois. Il encouragea l’agriculture, les sciences, les lettres qu’il cultivait lui-même[1] ; il protégea le peuple dont il diminua les impôts ; et fit à tous, grands ou petits, bonne et sévère justice ; d’immenses travaux d’utilité publique s’exécutèrent par ses ordres, entre autres ceux qui mirent un terme aux inondations périodiques du fleuve Jaune. Les persécutions contre les missionnaires ne cessèrent pas

  1. La Bibliothèque royale de Paris possède le recueil de ses poésies, imprimé à Pékin, en vingt-quatre petits volumes.