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Cette révolution, qui arriva en 1644, livra de nouveau l’Empire aux Tartares, mais cette fois ils surent garder une conquête qu’ils convoitaient depuis tant de siècles, et la vingt-deuxième dynastie qu’ils fondèrent est encore aujourd’hui sur le trône. La Chine s’augmenta d’une partie considérable de la Grande Tartarie et ne fut plus exposée aux déprédations de ces dangereux voisins ; l’ordre se rétablit en même temps à l’extérieur. Mais la conquête entière de l’Empire ne s’accomplit pas sans une violente résistance. Les provinces méridionales prirent les armes et proclamèrent successivement plusieurs empereurs parmi les descendants de la dynastie des Ming. Le nord suivit bientôt cet exemple, et les Tartares eussent été écrasés, si un homme de cœur et de talent s’était mis à la tête des Chinois. Mais la résistance n’était pas organisée, les soulèvements partiels furent réprimés, et le sang coula pendant plusieurs années. Enfin, après une lutte acharnée, le tuteur du jeune Chun-tchi, Amavang, acheva la conquête de l’Empire. Il mourut bientôt (1651), laissant à son neveu une couronne achetée au prix de mille dangers.

Les Tartares, suivant leur politique habituelle, ne changèrent rien au gouvernement de la Chine ; les lois et les coutumes du pays furent respectées. Le successeur de Chun-tchi, Khang-hi, homme remarquable, contemporain de Louis XIV (1662-1722), continua l’œuvre d’Amavang et consolida sa dynastie. Plusieurs révoltes, entre autres celle du fameux On-San-Koueï qui avait en quelque sorte livré l’Empire aux Tartares mantchous, furent réprimées, et en même temps l’Empereur repoussait les Tartares mongols qui rêvaient de nouveau la conquête de la Chine. Le calme rétabli dans l’Empire, Khang-hi s’occupa sans relâche du bonheur et de la prospérité de ses peuples. Esprit distingué, d’une grande érudition, il encouragea les sciences et les lettres ; lui-même écrivait, et la Bibliothèque royale de Paris possède plus de cent volumes des œuvres de cet empereur. Son goût éclairé pour les sciences valut