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règne de Hoang-ti, l’Empereur jaune, c’est-à-dire à deux mille six cent trente-sept ans avant J.-C. Pour les temps antérieurs, on n’a pu recueillir que de ces traditions fabuleuses qui existent dans l’enfance de tous les peuples, et qui feraient remonter le règne du premier empereur chinois à quatre-vingt-seize millions d’années avant notre ère. Mais au règne de Hoang-ti cesse toute confusion, et les annales chinoises acquièrent un caractère d’authenticité qu’on a vainement essayé de nier. La vie historique de ce peuple, depuis cette époque jusqu’à nos jours, est donc de près de quatre mille cinq cents années, période immense pendant laquelle se sont succédé vingt-deux dynasties.

Au règne de Hoang-ti, qui vécut cent ans, se rapportent un grand nombre d’inventions utiles, qui datent très-probablement de plus loin, et dénotent un état de civilisation fort avancé, nouvelle preuve de l’antiquité de la nation chinoise. Hoang-ti prit le premier le titre d’empereur (ti) ; ses prédécesseurs se nommaient Wang, rois. Il avait été mis sur le trône par le choix des grands seigneurs ; ce droit d’élection fut maintenu encore longtemps. Presque toujours le premier ministre ou un sage révéré pour ses vertus et ses talents était élu à l’exclusion des fils de l’Empereur. Cette institution commença à tomber en désuétude dès la première dynastie ; cependant, encore aujourd’hui, l’élection, attribuée au chef de l’État, sur la présentation des grands, s’étend sur les fils de l’Empereur, car le droit d’aînesse n’est point reconnu malgré le principe de succession.

Le fondateur de la première dynastie, Yu (mort 2198 ans avant J.-C.), fut un aussi grand prince que ses prédécesseurs, qui se montrèrent tous dignes du trône. L’un d’eux, Yao, avait fondé une admirable institution. Pour que la voix du peuple parvint jusqu’à lui, il avait fait placer à la porte extérieure de son palais une tablette sur laquelle tous les Chinois avaient le droit d’écrire les avis