Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments de soie. Que l’on ne néglige pas d’élever des poules, des pourceaux, des chiens, et les personnes âgées de soixante-dix ans pourront se nourrir de viandes. N’enlevez pas, dans des temps qui exigent des travaux assidus, les bras des familles qui possèdent cent arpents de terre, et ces familles nombreuses ne seront pas exposées aux besoins de la faim. Veillez attentivement à ce que les enseignements des écoles et des collèges propagent les devoirs de la piété filiale et le respect équitable des jeunes gens pour les vieillards : alors on ne verra pas des vieillards à cheveux blancs traîner ou porter de pesants fardeaux sur les grands chemins. Si les septuagénaires sont habillés de vêtements de soie et mangent de la viande, et si les jeunes gens à cheveux noirs ne souffrent ni du froid ni de la faim, toutes les choses seront prospères.

« Mais, au lieu de cela, vos chiens et vos pourceaux mangent la nourriture du peuple, et vous ne savez pas y remédier. Le peuple meurt de faim sur les routes et les grands chemins, et vous ne savez pas ouvrir les greniers publics. Quand vous voyez des hommes morts de faim, vous dites : Ce n’est pas ma faute, c’est celle de la stérilité de la terre. Cela diffère-t-il d’un homme qui, ayant percé un autre homme de son glaive, dirait, en le voyant étendu par terre : Ce n’est pas moi, c’est mon épée ? Ne rejetez pas la faute sur les intempéries des saisons, et le peuple viendra à vous pour recevoir des soulagements à ses misères. »

« Le roi répondit : « Je désire sincèrement suivre vos conseils. »

« Siouan-wang, roi de Thsi, interrogeant le philosophe, lui dit : « J’ai entendu raconter que le parc du roi Wen-wang avait sept lieues de circuit ; cela est-il vrai ? »

« Meng-tseu répondit : « L’histoire donne le fait comme certain.

— Le roi. Il était donc d’une grandeur excessive ?

— Le philosophe. Le peuple le trouvait cependant trop petit.

— Le roi. Moi, j’ai un parc qui n’a que quatre lieues de circuit,