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du mandarin, le félicita de son courage, et il décréta que le nom de Meng-tseu resterait en possession de tous les honneurs dont il avait voulu le priver.

Sans être l’objet, parmi les Chinois, de la haute vénération dont jouit Confucius, Meng-tseu n’en est pas moins regardé comme un de leurs plus grands philosophes ; il est également estimé comme écrivain, et lorsqu’on parle à un mandarin lettré des qualités du style, il répond laconiquement : Lisez Meng-tseu. On trouve, en effet, chez cet homme remarquable une vigueur et une simplicité antiques alliées à une vivacité d’esprit qui rappelle le génie français. Voici, du reste, quelques passages de son ouvrage :

« Meng-tseu étant allé visiter le roi de Weï (petit État de la Chine), le roi lui dit : « Sage vénérable, puisque vous n’avez pas jugé que la distance de mille li (cent lieues) fut trop longue pour vous rendre à ma cour, sans doute que vous avez des profits à procurer à mon royaume ? » Meng-tseu répondit : « Ô roi ! qu’est il nécessaire de parler de profit ? il suffit de posséder l’humanité ou la bienveillance pour tous les hommes, et la justice. N’intervenez point dans les affaires des laboureurs en les enlevant, par des corvées, aux travaux de chaque saison, et les récoltes dépasseront la consommation. Si les filets à tissu serré ne sont pas jetés dans les étangs et les viviers, les poissons et les tortues ne pourront pas être tous consommés sur vos tables. Ne portez la hache dans les forêts montagneuses que dans les temps convenables, et vous aurez du bois en abondance. Ayant plus de poissons et de tortues qu’il ne pourra en être consommé, et plus de bois que ce qui est nécessaire, il en résultera que le peuple aura de quoi nourrir les vivants et offrir des sacrifices aux morts ; alors il ne murmurera pas : voilà le point, fondamental d’un bon gouvernement. Faites planter des mûriers dans les champs d’une famille qui possède cinq arpents, et les personnes âgées de cinquante ans pourront porter des vête-