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sez singulière lui vint à l’esprit. Il fit amener devant lui tous ces misérables, et leur dit que les portes de la prison leur étaient ouvertes, qu’ils allaient, retourner dans les campagnes pour aider les paysans dans les travaux de la moisson, mais qu’après la récolte, tous allaient se remettre entre les mains de la justice. Les condamnés promirent tout ce que voulut l’Empereur, et à l’instant même ils furent mis en liberté. Mais au grand étonnement du tribunal des Peines, on les vit tous revenir à l’époque de leur exécution capitale. L’Empereur fut si touché de leur fidélité, qu’il leur fit grâce et les renvoya dans leurs familles. Ce fut à cette occasion que Taï-tsoung rendit une ordonnance par laquelle les empereurs, avant de confirmer une sentence de mort, devaient, désormais rester trois jours en abstinence, c’est-à-dire vivant dans la retraite et dans les prières.

— C’est un trait fort remarquable, grand-père ; mais ne pensez-vous pas qu’il y avait de l’imprudence à remettre ainsi en liberté des hommes frappés par la juste sévérité des lois ?

— Sans doute, mon enfant, il ne faut pas que le souverain abuse de son droit de grâce ; mais Taï-tsoung jugeait, avec raison que des condamnés, qui avaient tant de respect pour la foi jurée, n’étaient pas tout à fait corrompus, et qu’ils pourraient revenir à la vertu. Ne blâmons pas sa conduite, et n’oublie pas cette histoire.

— Oui, bon père ; désormais je veux tenir parole, même pour les affaires les moins importantes. Je vous le promets, je n’abuserai jamais de votre complaisance.

— Très-bien, Pé-yu ! tu es un honnête garçon, et je te pardonne volontiers. Il faut toujours avoir des égards pour son prochain, ou sinon on est le premier à s’en repentir. C’est, ce qui est arrivé à un empereur de la dynastie des Tchéou, dont je lisais l’histoire ce matin. Yeou-wang (le roi qui vit retiré dans ses appartements) était un mauvais prince, qui ne s’occupait que de flat-