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père ; sa timidité le conduisait : à devenir mauvais fils. Il erra toute la journée dans la campagne, absorbé dans les plus tristes réflexions et maudissant, non pas son ridicule défaut, mais l’obstination du riche mandarin qui voulait le prendre pour gendre. Le pauvre garçon devenait fou. Cependant à l’approche de la nuit, la fatigue et la faim calmèrent un peu son exaltation, et il regagna la demeure paternelle en songeant avec effroi aux suites de son coup de tête.

C’était facile à deviner. Le scandale avait, été grand ; malgré les excuses de sa famille, les parents de la future indignés avaient renvoyé la dot et les présents. Tout était rompu, et les deux familles, unies jusqu’alors par les liens de la plus tendre amitié, s’étaient séparées d’un air menaçant. Lorsque le jeune mandarin entra dans la salle des Ancêtres, il trouva son père, vieillard vénérable à barbe blanche, assis tristement dans un coin de l’appartement ; il s’approcha en silence et tomba à ses genoux. Le vieillard se leva en sursaut, les yeux animés par la colère, puis regardant son fils avec autant de compassion que de mépris, il lui fit signe de se retirer dans son appartement. Le lendemain et les jours suivants, même silence ; en vain Hoang redoublait-il ses protestations de tendresse et de dévouement, le père ne lui répondait pas, et affectait de le regarder à peine. Un matin, on vint annoncer au jeune homme qu’il eût à se revêtir de ses habits de fête ; il devait accompagner son père à la cour de l’Empereur pour assister à la cérémonie du labourage.

L’agriculture n’a été nulle part plus encouragée ni plus honorée que chez les Chinois. Leurs livres de morale mettent au premier rang l’art de cultiver la terre, et tous leurs bons empereurs se sont occupés avec un soin minutieux de la condition des paysans[1]. Plusieurs fêtes ont lieu on l’honneur de l’agriculture ; mais la

  1. Je n’en citerai qu’un exemple. En 1732, l’Empereur Young-Tching ordonna que