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le saisit ; comment échapper à leur rencontre ? Les bâtiments d’une ferme paraissaient à travers les arbres. Hoang se dirigea de ce côté, espérant pouvoir s’y cacher. Il arriva près d’un petit jardin planté de jasmins du Cap et d’autres fleurs odorantes, et il se disposait à prendre quelque repos sur un banc de gazon, lorsque la voix du futur beau-père se fit encore entendre. Hoang perdit la tête et, oubliant sa gravité de mandarin, il se blottit dans un de ces grands pots de terre qui sont toujours placés derrière les maisons chinoises pour y recueillir les eaux du ciel. Les personnes dont il redoutait tant la présence entrèrent dans le jardinet s’y promenèrent pendant plus de deux heures, qui parurent à Hoang d’une longueur mortelle.

Lorsque le futur beau-père se fut retiré, Hoang sortit de sa cachette, brisé, moulu, ayant à peine la force de marcher. Il regagna cependant le canal qui conduisait à la ville, maudissant l’idée qu’il avait eue de se cacher comme un malfaiteur, et furieux contre les gens dont les conversations en plein air ne finissaient pas. Par un hasard désespérant, aucun batelier n’était à son poste, et Hoang, dont la patience avait déjà été mise à l’épreuve, se vit obligé d’attendre quelque embarcation. Enfin il aperçut dans le lointain une petite jonque qui, malgré ses signaux réitérés, s’avançait très-lentement. Elle arriva cependant, mais elle n’avait pas touché le bord que le mandarin, dans sa précipitation, en voulant s’élancer dedans, perdit l’équilibre et tomba dans l’eau. Les bateliers s’empressèrent de venir à son secours, et il en fut quitte pour la peur ; mais il était trempé jusqu’aux os, et il grelottait tellement que ses bateliers lui proposèrent de l’arrêter à l’entrée de la ville chez un apothicaire. Hoang refusa ; les boutiques des pharmaciens chinois servent de cabinets de consultation à la plupart des médecins, et sont par conséquent un lieu de réunion chéri des oisifs. Il ne voulait pas s’exposer aux