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III
Le même au même.


Je dois partir demain, mon cher ami, et bien malgré moi ; mais du moins je n’aurai pas perdu mon temps à Pékin. Vous vous rappelez que j’étais invité à dîner chez mon mandarin. Dès le matin, je me promenais dans la ville, précédé de mon guide, qui m’indiquait, les habitations des personnages les plus considérables de la ville. À ce propos, figurez-vous que le drôle, en passant dans une rue écartée, me proposa, devinez quoi ? d’entrer dans une maison de triste apparence pour y fumer de l’opium. Je le remerciai de cette charmante invitation, et je me fis conduire dans la cité chinoise. À peine avions-nous fait quelques pas, que nous vîmes une foule considérable se rassembler devant la maison d’un marchand, qui, d’après les enseignes placées, suivant la coutume, de chaque côté de la porte, vendait toutes sortes de porcelaines. Je courus comme les autres, et j’appris que les curieux attendaient l’arrivée d’un cortège de noces ; le fils du marchand de porcelaines épousait la fille d’un fabricant de papier. En effet, nous entendîmes bientôt, au bout de la rue, des fanfares et des cris de joie. Des musiciens précédaient une litière en bois de bambou décorée avec élégance, mais couverte de tentures, de manière à ce qu’on ne put voir la mariée qui était dedans. Derrière, venaient les parents des deux familles, puis des domestiques qui portaient dans des coffres les habits et les bijoux de leur jeune maîtresse. Le cortège entra dans la maison, et je vis un homme, qui se tenait à côté de la litière, remettre une clef au marié ; c’était le plus proche parent de la future, et cette clef devait servir à ouvrir la litière.