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d’effet si elles étaient pavées et tenues proprement. Chaque matin, une multitude considérable d’ouvriers et de paysans arrive des faubourgs et des villages voisins ; mais ce qui augmente le bruit et anime la voie publique, c’est que la plupart, des corps de métiers, au lieu de rester dans les boutiques et d’attendre les clients, courent les rues, portant avec eux les instruments de leur profession. Les voitures et les litières se croisent en tous sens. Un mandarin de première classe sort-il de sa maison, il est accompagné, non seulement de ses domestiques, mais encore de tous les mandarins qui lui sont subordonnés, et qui se font suivre eux-mêmes de leurs valets. Le plus grand ordre règne cependant au milieu de cette foule ; les Chinois ont beaucoup de respect pour la loi, et d’ailleurs la justice est expéditive. La ville est partagée en une infinité de quartiers, soumis à certains chefs qui ont chacun le droit d’inspection sur dix maisons. Les habitants de chaque quartier doivent se défendre et se protéger mutuellement. S’il se commet un vol ou s’il arrive quelque désordre, ils en sont tous responsables : c’est un moyen employé dans toute la Chine pour arriver à la découverte des délits ; en outre, chaque père de famille répond de la conduite de ses enfants et de ses domestiques. La nuit on ferme les portes de la ville, ainsi que des barrières qui se trouvent aux extrémités des rues.

Les maisons de Pékin, comme celles des autres villes de l’Empire, sont très-basses, et consistent ordinairement en un rez-de-chaussée, divisé en plusieurs appartements situés le long du mur de face, et éclairés par des croisées qui ont seulement vue sur des cours intérieures. En général, on ne perce point de croisées sur la rue, afin que les passants ne puissent regarder dans la maison ; on élève même souvent derrière la porte du logis un petit mur à hauteur d’appui, sur lequel est posé un paravent qui empêche tout regard indiscret. Toutes les maisons importantes ont trois portes ;