Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentir la force et d’en inculquer l’étymologie, ait fait une étude stérile ? N’a-t-il pas, en les retenant, exercé son jugement autant que sa mémoire, et ne peut-on pas appliquer à ces premières études des jeunes lettrés ce qu’on a dit, avec tant de raison, en faveur des humanités de nos collèges, que ce qu’il y a de moins important dans ce qu’apprennent ces écoliers, c’est ce qu’on leur enseigne ? Leur raison se développe en même temps que leur esprit : ils semblent ne s’occuper que de l’étude d’une langue, et ils se sont formés sans s’en apercevoir dans l’art de penser et de s’expliquer, sans parler des notions de morale et d’histoire qu’ils ont recueillies, et qui sont comme des premiers pas pour aborder des connaissances plus approfondies.

« On a dit et assuré que les lettrés passaient leur vie à apprendre à lire : c’est à penser et à juger qu’il eut fallu dire : pour se trouver répétée en cent ouvrages, cette assertion n’en est pas moins une absurdité. Sans doute les lettrés apprennent à lire toute leur vie, en ce sens qu’il peut leur arriver à tout âge de rencontrer un caractère qui leur est inconnu, c’est-à-dire une idée qui est nouvelle pour eux. Et quel est l’homme de lettres à qui la même chose n’arrive pas souvent parmi nous ? Combien de noms et de mots dont le sens ne nous est pas familier, n’apercevons-nous pas à l’ouverture d’un dictionnaire ? Si le reproche qu’on lait aux lettrés de la Chine avait quelque fondement, il serait applicable aux lettrés de toutes les nations. À le prendre de cette manière, que de savants écrivains en Europe qui auraient besoin d’apprendre encore à lire[1] ! »

Examinons maintenant le système pédagogique en usage dans les écoles publiques chinoises. Tous les renseignements nécessaires

  1. Mélanges posthumes d’Histoire et de littérature orientales, par Abel Rémusat. 1843.