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verture. Cette boîte ne s’ouvre que lorsqu’une dynastie vient à s’éteindre ou est remplacée par une autre ; on rassemble alors ces mémoires et on écrit l’histoire des empereurs précédents. Quelques écrivains composent, il est vrai, l’histoire de la dynastie régnante ; mais ces relations sans caractère officiel ne circulent dans le public que sous la forme de manuscrits. Une autre institution non moins admirable et qui sert à contrôler les annalistes impériaux, c’est le jugement public auquel les souverains sont soumis après leur mort. Cet usage existait en Égypte. On décerne à l’empereur défunt un titre plus ou moins honorable, selon que son règne a été plus ou moins glorieux, et il n’a pas d’autre nom dans l’histoire du pays.

Pour avoir une idée de la richesse de la littérature chinoise, il suffit de dire que l’empereur Kian-Loung avait eu l’intention de faire imprimer un choix des meilleures productions, et cette collection devait s’élever à cent quatre-vingt mille, d’autres disent à six cent mille volumes. Le style des écrivains chinois, surtout celui des poètes, est plein de comparaisons et de métaphores ; c’est le caractère de toutes les littératures orientales. Ainsi, ils donnent au tigre le nom de roi des montagnes, et à l’hirondelle, celui de fille du ciel. L’aurore, c’est la blanche courrière ; la fourmi, le coursier noir ; le vin, un ami vermeil. Ils disent d’un bon versificateur que c’est un léopard en poésie, et d’une jolie femme que c’est une fleur qui parle. Outre leurs poésies, dont quelques-unes sont fort gracieuses, les (Chinois ont un grand nombre de contes et de nouvelles, charmants petits romans qui ne sont malheureusement connus que des savants. Mais ce mot de chinois a eu si longtemps en France une acception ridicule que des hommes d’esprit n’ont pu se résoudre à publier la traduction des romanciers chinois. Abel Rémusat l’avouait lui-même fort plaisamment, à l’époque où Walter-Scott nous faisait connaître les mœurs des clans