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que se fabrique la monnaie, et la contrefaçon est punie de mort. Peu avancés dans la métallurgie, les Chinois ne retirent presque rien de leurs mines ; aussi le gouvernement craint-il, comme nous l’avons vu, qu’un grand commerce avec l’étranger ne fasse disparaître peu à peu de l’Empire les métaux précieux.

Les deux grandes branches de l’industrie chinoise sont les soieries et la porcelaine. L’art de filer la soie et d’élever les vers qui la produisent vient originairement de ce pays, et il est arrivé à un haut point de perfection. Les soies sont si abondantes dans la plupart des provinces, que c’est la matière la plus commune des habillements ; la populace et les habitants des campagnes s’habillent seuls de toile de coton teinte en bleu. Les meilleures étoffes se fabriquent à Nankin, et la plus recherchée des Chinois est le louan-tse, espèce de satin très-fort, souvent orné de figures qui représentent des fleurs, des oiseaux, des maisons, des dragons. Aucun de ces objets n’est tissu en relief ; on les peint avec des sucs de fleurs ou d’herbes qui s’imbibent dans l’étoffe. C’est encore aux Chinois qu’on est redevable de l’invention de la porcelaine, importée en Europe par les Portugais qui l’ont appelée porcellana, c’est-à-dire tasse ; le nom chinois est tse-ki. Cet art est fort ancien, puisque le vernis était, avec la soie, un objet d’échange, plus de deux mille ans avant l’ère chrétienne. La véritable porcelaine de la Chine ne se fait que dans une seule bourgade appelée King-te-tching et qui compte près d’un million d’habitants. On sait avec quel art ces ouvriers fabriquent et peignent des vases de toute forme et de toutes les couleurs.

On fait aussi à King-te-tching ces petites statuettes connues sous le nom de magots de la Chine, figures grotesques qui ont donné aux habitants du Céleste Empire une réputation si singulière et si peu méritée. « Ces peuples, dit un savant missionnaire, le P. Le Comte, se font par là plus de tort qu’ils ne pensent.