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CRYPTESTHÉSIE EN GÉNÉRAL 79

évident et simple, s'impose à la foule. Mais il n'y a là pas plus de télépathie que dans la contraction des muscles d'une grenouille excités par une pile électrique 1 .

C'est pour de telles raisons, sans doute, que la télépathie est acceptée plus facilement que la lucidité. De fait les deux phéno- mènes, nullement contradictoires, sont probablement vrais, et on ne doit considérer la télépathie que comme un cas particulier et très fréquent de lucidité.

Remarquons d'ailleurs que presque toujours, sinon toujours, quand on demande à un sujet A... de répondre à une question, on fait une demande dont on connaît la réponse. Quand on ne la con- naît pas, cette réponse, il est tout de même à peu près certain qu'il y a une autre intelligence humaine qui la connaît, de sorte qu'on pourrait pousser le respect de la télépathie jusqu'à dire : « Si A... a lu le mot de Marguerite dans une lettre qui n'a pas été déca- chetée par B... A... ne pouvait certainement pas lire dans la pensée de B... ce qui n'y existait pas. Mais il y a une personne, C..., c'est- à-dire Marguerite elle-même, dont A... a lu la pensée. C'est la pen- sée de Marguerite qui a été lue, et non le mot de Marguerite inscrit dans la lettre non décachetée. »

On va même parfois plus loin encore. Puisqu'il y a des faits que nul être vivant ne connaît, mais que ces faits ont été connus par B.. ., qui est mort, c'est assez encore pour la télépathie. B... mort, a connu le nom de Marguerite, et alors c'est encore de la télépa- thie, à savoir la pensée de B... mort, qui se transmet à A...

Ces explications alambiquées prouvent amplement qu'on ne connaît absolument rien des voies par lesquelles la connaissance cryptesthésique arrive à notre intelligence.

C'est surtout pour les cas, très fréquemment observés, de moni- tions au moment de la mort, qu'il convient de discuter s'il y a soit télépathie (transmission d'une pensée humaine), soit simplement lucidité (c'est-à-dire connaissance d'un fait extérieur).

Et je prendrai un exemple presque schématique, quoiqu'il soit

1. Il y a toute une bibliographie sur cette question des mouvements incons- cients. Je ne puis même la résumer ici. C'est le Willing game, appelé quelque- fois Gumberlandisme, du nom de Cumberlvnd, qui l'a pratiqué un des premiers. Grasset fait intervenir, puur l'expliquer, sa théorie du polygone, lequel est tout simplement un ingénieux schéma de l'inconscient.

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