En tout cas, déjà, par les faits épars et nombreux qui ont été recueillis, on peut se rendre compte qu’une mentalité nouvelle inspirera les sociétés humaines à mesure que la métapsychique fera des progrès. Nous étions parfois disposés à croire que les faits matériels constatés et étudiés par les savants sont tout, et déjà nous étions tentés d’assigner quelque limite, pas très lointaine, à toute notre actuelle science. Des microscopes, des thermomètres, des télescopes, des galvanomètres plus délicats et plus précis ! tel était à peu près notre très médiocre horizon. Mais à présent notre espérance est beaucoup plus vaste. Voici que nous entrevoyons tout un monde inexploré, plein de mystère encore, devant lequel nous restons muets et stupides, ainsi qu’un Hottentot devant les tourbillons de Poincaré, les ondes de Hertz, les microbes de Pasteur ou la relativité d’Einstein.
Ce monde nouveau, c’est l’inconnu, c’est l’avenir, c’est l’espoir[1].
Comme Fréd. Myers et Oliver Lodge l’ont admirablement indiqué, peut-être une nouvelle conception du devoir humain se dégagera-t-elle de ces études à peine ébauchées. Rien ne peut nous faire prévoir le bouleversement que la métapsychique va produire dans nos idées sur les fins dernières de l’homme. Certes la science des atomes et des forces matérielles, attraction, chaleur, électricité, affinités chimiques, ne sera pas bouleversée ; car les bases en sont inébranlables. Mais on y aura peut-être ajouté de grandes choses nouvelles.
Et puis la finalité de l’homme sera peut-être mieux comprise. Elle ne restera plus autant qu’autrefois enfouie dans les nuages de l’impénétrable, si nous avons pu introduire dans la science positive quelques-uns des faits les plus cohérents de cette science nouvelle.
Or à l’heure actuelle, quand tout est ténèbres encore, notre devoir est tout tracé. Soyons sobres de toute spéculation vaine :
- ↑ Pascal l’a dit en termes profonds. « Les secrets de la nature sont cachés ; quoiqu’elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses effets ; le temps les révèle d’âge en âge… Sans contredire les anciens, nous pouvons affirmer le contraire de ce qu’ils disaient, et, quelque force qu’ait cette antiquité, la vérité doit toujours avoir l’avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu’elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu’on a eues. » (Fragment d’un traité sur le vide, Ed. Havet, II, 273.)