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formes ou de leurs pensées, est donc toujours d’un grossier anthropomorphisme ; mais cet anthropomorphisme grossier est nécessaire.

Tout de même allons au bout de notre pensée, et sans frayeur, puisque nous sommes dans le domaine de l’hypothèse. La cellule nerveuse est pour l’animal la condition de l’intelligence ; mais cela ne prouve nullement que pour tout phénomène d’intelligence il y ait nécessité d’une cellule nerveuse, voire des éléments chimiques que nous appelons matériels. Des mondes très différents, des êtres très différents sont concevables, où l’intelligence existerait sans cellules nerveuses, sans substratum matériel. La preuve que ces êtres existent n’est pas faite ; mais leur possibilité d’être est évidente.

On dit : l’homme ne manifeste son intelligence que par son cerveau, donc aucune intelligence ne peut se manifester sans cerveau. Telle est l’étonnante logique de ceux qui nous accusent de faire œuvre contraire à la science.

Si nous admettons qu’il y a dans l’univers, en des conditions d’espace et de temps qui sont soustraites à notre rudimentaire psychologie, des êtres doués d’intelligence, interférant à certains moments dans notre vie, on a tout de suite, pour beaucoup de faits rapportés en détail dans ce livre, une hypothèse commode.

Êtres mystérieux, anges ou démons, existences amorphes, esprits qui cherchent par moments à intervenir dans nos actes, qui peuvent, par des voies absolument inconnues, manier la matière à leur gré, qui dirigent quelques-unes de nos pensées, qui se mêlent à quelques-unes de nos destinées, et qui, pour se faire connaître de nous — car sans cela nous ne les comprendrions pas — prennent l’aspect matériel et psychologique des personnalités humaines ayant disparu, c’est une manière simpliste d’énoncer et de comprendre la plupart des phénomènes métapsychiques.

D’autant plus que très souvent, dès qu’on analyse un peu profondément les faits de monitions et de prémonitions, il semble bien y avoir, en dehors de nous et loin de nous, de vagues intentions, intentions qui dépassent nos conceptions humaines, comme si les forces intelligentes voulaient s’arrêter au seuil du mystère, ne consentant pas à tout dire, parlant par énigmes et symboles,