Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/799

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plus on étudie ces phénomènes complexes, plus on analyse, dans tous leurs détails, ces monitions, prémonitions, hallucinations véridiques, hallucinations collectives, plus on est enclin à l’hypothèse d’une puissance inconnue, ectoplasmique, attribuée à l’être humain. Or cette hypothèse est tellement étrange qu’il faut épuiser les autres hypothèses possibles.

Et tout d’abord nous pouvons supposer que d’autres êtres que l’homme, intelligents aussi, errent autour de nous et peuvent se mêler à nos évolutions, quoiqu’ils soient soustraits aux conditions mécaniques, physiques, anatomiques, chimiques de notre existence.

Et pourquoi n’existerait-il pas des êtres intelligents et puissants, distincts des mondes abordables à nos sens ? De quel droit, avec nos sens bornés, notre intelligence défectueuse, notre passé scientifique de trois siècles à peine, oserions-nous affirmer que dans l’immense Kosmos l’homme est le seul être intelligent, et que toute réalité intellectuelle nécessite toujours des cellules nerveuses irriguées par du sang oxygéné ?

Qu’il y ait des forces intellectuelles autres que celles de l’homme, construites sur un type tout différent, non seulement cela est possible, mais c’est extrêmement probable. On peut même prétendre que c’est certain. Il est absurde de supposer que la seule intelligence de la nature, c’est la nôtre ; et que fatalement toute force intelligente est organisée sur le mode animal ou humain, avec un cerveau pour organe.

On voit tout de suite combien le mystère est profond. Car, lorsque nous parlons d’intelligence, nous supposons implicitement, dans notre conception fatalement anthropomorphique des choses, que cette intelligence est avec mémoire, avec logique, avec terminologie verbale, avec affectivité. Or l’intelligence (dans le sens humain) c’est quelque chose de si imparfait, de si spécial à l’humanité, que nous ne pouvons guère apprécier les forces intelligentes qu’en les assimilant plus ou moins à celles de l’homme, ce qui est probablement une grave erreur. Dire : un ange est intelligent (dans le sens humain), c’est à peu près aussi légitime que si un morceau de drap rouge disait : un ange est rouge.

L’idée que nous nous faisons des esprits, qu’il s’agisse de leurs