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cience du moi. Aussi, puisque la conscience de Georges Pelham s’est substituée à celle de Mad. Piper, Mad. Piper sait-elle tout ce que savait le désincarné. Quand Georges Pelham arrive en elle, il n’y a plus de Mad. Piper ; il n’y a plus que Georges Pelham.

« Expliquer ce que fait Georges Pelham par la lucidité seule, c’est donner à la lucidité une énorme et invraisemblable extension. Il est plus simple de faire une hypothèse unique : la survivance de Georges Pelham, et son incarnation en Mad. Piper.

« Puisque l’homme ne meurt pas, l’homme ne peut pas naître. Il s’ensuit qu’il n’y a pas naissance des intelligences (Allan Kardec). Les intelligences désincarnées s’incorporent dans tels ou tels enfants qui viennent de naître. Jusque-là elles errent dans l’univers, dans l’Au-delà, cherchant péniblement à se manifester, tantôt en s’incarnant dans de jeunes enfants qui vont naître, tantôt en se manifestant à des médiums ».

« There is no death », disait Florence Marryat. « On ne meurt pas », a écrit Chevreuil. »

L’hypothèse est nette, franche. Elle explique, en donnant l’omniscience aux esprits, la majeure partie des faits, mais elle se heurte à de telles invraisemblances, malgré son apparente simplicité, qu’il me paraît impossible de l’adopter. Toutefois c’est timidement que je la combats, car je ne peux guère lui opposer une théorie antagoniste bien satisfaisante.

1° Tout semble prouver que l’intelligence est fonction du cerveau, qu’elle dépend de l’intégrité de l’appareil cérébral, de la quantité et de la qualité du sang qui irrigue le cerveau.

Que d’autres intelligences, en d’autres conditions que les conditions animales de la vie terrestre, existent dans la nature, c’est possible : c’est même probable ; mais ce ne seront plus des intelligences humaines. Par conséquent, si elles veulent entrer en relation avec nous, elles auront pitié de notre grossier, mais nécessaire, anthropomorphisme, et devront, pour se faire comprendre de nous, s’affubler de tels ou tels noms humains, de tels ou tels sentiments humains. Tout de même elles n’appartiendront pas à l’humanité, puisque l’intelligence (humaine ou animale) ne peut posséder conscience, mémoire, sensibilité, raisonnement, volonté, c’est-à-dire les caractéristiques psychologiques humaines, que si le cerveau existe. Des