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C’est un abîme. Certes la prémonition n’est pas en contradiction avec les données de la science. Mais — ce qui est peut être plus redoutable — elle heurte durement notre conscience ; car notre conscience se refuse à admettre la fatalité de l’avenir qui va se dérouler.

Donc, pour la prémonition nous ne tenterons ni explications ni justifications. Nous resterons dans le domaine du réel. Établissons les faits sans nous préoccuper des conclusions qu’ils entraînent, sans en déduire de fumeuses théories. Il s’agit de savoir, non ce qui est possible, mais ce qui est. C’est ainsi que Sir William Crookes avait posé le problème. C’est ainsi que nous le poserons à la suite du maître.

VIII

Nous avons démontré la réalité des faits, mais ce n’est qu’un premier pas. Un fait, en lui-même, est peu de chose, si on ne le relie pas, par une chaîne logique, à d’autres faits homologues, de manière à ce qu’une relation, cohérente, entre des faits qui semblent disparates, soit constituée, avec une ébauche de théorie possible. Et alors nous voici amenés, après que les faits ont été démontrés, à en discuter la théorie pour en comprendre la signification profonde.

Nous serons brefs, et pourtant des volumes innombrables, pesants, ont été écrits sur les théories métapsychiques.

Disons-le tout de suite. Quand on essaye de construire la théorie complète de la métapsychique, ce n’est pas assez d’en établir une qui satisfasse à la cryptesthésie, une autre à la télékinésie, une autre à l’ectoplasmie. Il faut que cette théorie implique une sorte d’explication synthétique de la cryptesthésie, de la télékinésie, de l’ectoplasmie tout ensemble. Plus on approfondit dans leurs détails les choses complexes qui se présentent, plus on voit que ces trois phénomènes, télékinésie, cryptesthésie, ectoplasmie, sont liés entre eux par une connexion étroite.

Beaucoup de savants, et notamment les éminents membres de la S. P. R. (F. Podmore et H. Sidgwick surtout) avaient cru d’abord que