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LIMITES DU PSYCHIQUE ET DU MÉTAPSYCHIQUE 59

cable l , et un travail inconscient compliqué, toute une laDgue sans- crite couuue et parlée dans tous ses détails pourrait être élaborée sur quelques rares données de la mémoire inconsciente. La divi- nation d'une langue inconnue deviendra uu phénomène métapsy- chique.

Stella, quand je lui demande le nom d'une des femmes qui ont été près de moi dans mon enfance, me dit : Mélanie. Je ne pensais pas du tout à Mélanie, et je suis sur, irréprochablement sûr, que le nom de Mélanie, laquelle a disparu de ma vie depuis cinquante ans, et à laquelle je n'ai jamais pensé depuis cinquante ans, n'a jamais été prononcé par moi. Alors, dans ce cas, je suis forcé de conclure qu'il y a eu là un phénomène métapsychique, car ni la pantomnésie, ni le travail inconscient, qui élabore de vieux souve- nirs, ne peuvent justifier ce nom de Mélanie (et je laisse toujours de côté l'hypothèse du hasard).

On ne sera donc pas étonné si maintes fois nous n'admettons pas comme métapsychiques des phénomènes qui, pourtant, aux yeux des crédules, ont une apparence métapsychique 2 . Gràceà la pantomnésie et au travail inconscient de l'esprit certains individus sont capables de rapidement construire des édifices poétiques, romanesques, scientifiques, très complexes, qui excitent l'admiration, mais qui ne doivent pas plus nous surprendre que s'ils étaient conscients.

Stella, qui à l'état normal ne compose jamais de poésies, à l'état médianimique dicte par la table des vers, parfois excellents, sur un sujet donné, lesquels ont le nombre de mots demandé arbitrai- rement. Mais, simultanément, sans que j'en tire le moins du monde vanité, j'ai pu, par une sorte de concours poétique avec Pétrarque, qui, disait la table, parlait par l'intermédiaire de Stella, compo- ser consciemment quatre vers sur un sujet donné, avec le nombre de mots demandé, et cette poésie de commande n'a été, somme toute,

1. Le mot impeccable n'est pas bon. Pour indiquer que la mémoire n'a rien oublié, et que tout ce qui a frappé nos sens reste fixé dans le cerveau incons- cient, je proposerai le mot de pantomnésie, ce qui veut dire, d'après l'étymologie, que nul vestige de notre passé intellectuel ne s'est effacé. Probablement nous sommes tous pantomnésiques. Dans l'appréciation des phénomènes métapsy- chiques, nous devons admettre que nous n'avons absolument rien oublié de ce qui a une fois frappé nos sens.

2. Je répéterai ici que pour le mot métapsychique je me rapporte à la défini- tion même ; un phénomène est métapsychique, quand il suppose l'intervention d'une force étrangère, ou d'une puissance inconnue de notre humaine intelligence.

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