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On a souvent parlé d’hystérie ; mais il semble bien que l’hystérie ne soit pas une condition favorable, à moins de donner une démesurée extension à cette forme morbide. Les hystériques sont souvent hypnotisables ; mais l’aptitude à être hypnotisé est tellement générale que ce n’est pas du tout une caractéristique. Les médiums sont plus ou moins névropathiques, sujets à des céphalées, des insomnies, des dyspepsies. Mais tout cela est bien peu significatif.

En tout cas, je me refuse absolument à les considérer comme des malades, ainsi qu’est trop disposé à le faire P. Janet[1]. Certes il y a quelque désagrégation de la conscience. Mais, chez les artistes, les savants, même les individus vulgaires, n’y a-t-il pas souvent d’analogues désagrégations de la conscience, avec automatisme partiel.

J. Maxwell a insisté sur l’existence chez la plupart des médiums d’une tache sur l’iris. Il conviendrait peut-être de faire là-dessus quelques recherches statistiques. Mais la difficulté sera toujours de savoir où il faudra s’arrêter, car il n’y a pas de ligne de démarcation entre un sensitif et un normal, entre un automatique et un normal. Telle personne à écriture automatique se borne à tracer fébrilement et sans conscience de grands ronds informes sur des feuilles de papier blanc ; une autre écrira des mots incohérents ; une autre fera des phrases suivies : une autre composera de petits poèmes complets ; une autre écrira des volumes et des romans entiers. Il y a tous les degrés de l’automatisme.

Le talent de l’inconscient a plus de variétés encore que le talent du conscient.

La sensibilité cryptesthésique comporte, plus encore peut être, tous les degrés. Tel individu qui, dans le cours de sa longue vie, aura été parfaitement normal, verra un jour une apparition véridique, ou entendra des voix prémonitoires. On ne peut pas dire qu’il soit un sensitif. Il l’aura été pendant quelques minutes, ou plutôt pendant quelques secondes, et ce sera tout. Des personnes d’apparence normale regardent dans le cristal, et au bout de quelques instants aperçoivent des visions, des scènes plus ou moins dramatiques qui se déroulent dans la petite boule de verre. On ne

  1. Cette critique ne diminue en rien ma haute estime pour les travaux de P. Janet, poursuivis avec une rare sagacité.