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416 CRYPTESTHÉSIE ACCIDENTELLE

forme symbolique. Mais c'est peut-être un raisonnement anthro- pomorphique que d'attribuer aux choses une pareille intention. Le paysan dont le champ est désolé par la sécheresse s'imagine volontiers, quand une pluie bienfaisante arrive, qu'une divinité compatissante lui a apporté la pluie.

Et cependant il est assez difficile d'expliquer certaines moui- tions collectives, et certaines prémonitions, et certains phénomènes de hantise, sans voir là l'effort d'une puissance intelligente exté- rieure à nous, qui vient nous révéler un fragment de vérité, abor- dable seulement à notre défectueuse intelligence, par une représen- tation symbolique (visuelle ou auditive) du phénomène même.

En effet assez souvent il existe comme une vague intention de A, qui est perçue par B. Jeanne mourante appelle à grands cris M" X... et meurt en disant : « Si c était pour aller voir!... » et M Ue X... s'entend appeler. — La sœur de M. Noell, mourante, appelait désespérément son frère. — M. Dickinson, très gravement malade, était préoccupé de sa photographie et son double a été chez le photographe. — Jim avait promis à Mad. Bishop daller lui rendre visite au moment de sa mort. — Le R. Field entend sa mère l'appeler : « Harry ! Harry » au moment où sa mère mourante criait : « Harry ! Harry ! Harry ! ». — M. D... voit son ouvrier Mackensie pré- occupé de justifier sa conduite.

D'autre part, combien de cas dans lesquels le fantôme, c'est-à- dire le symbole cryptesthésique, s'est montré à des indifférents ! Mad. Green ne s'intéressait pas du tout à sa nièce australienne qu'elle n'avait jamais vue. — Quand le duc d'Orléans est mort, il ne pensait certainement pas à Mad. Brémon, pas plus que Robes- pierre à Mad. X... — Quand M. Halle a vu la petite fille de son cocher tomber de la fenêtre, l'enfant n'a certainement pas eu la volonté de se communiquer à M. Halle, plus que le chien de M. Phirbs, à M. Phibbs.

En l'obscurité où nous errons, il me paraît sage de réserver notre jugement. Disons seulement que, dans la plupart des cas, la moni- tion ne semble pas intentionnelle de la part de A, et que la notion de la mort de A est perçue par B, parce que c'est une réalité, et que B, grâce à la cryptesthésie, perçoit la réalité.

Ce n'est donc pas mutiler les faits que de se refuser à admettre

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