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MUNITIONS DE MORT 355

tome, puis, regardant au même endroit, il le revit encore. Cette épreuve fut répétée trois fois, avec le même résultat. Alors le jeune homme se décideàse retirer dans sa chambre à coucher. Mais ce mou- vement l'oblige à passer devant le fantôme, qui alors s'évanouit.

La vision n'a probablement pas été reconnue. Mais au même moment, mourait, loin de Paris, un vieil ami de Chevreul qui lui léguait sa bibliothèque, et Chevreul ajoute : « si j'avais été supers- titieux, j'aurais pu croire à une apparition réelle ».

Chevreul raconte aussi l'histoire d'un anatomiste illustre de la fin du xviii siècle, qui dit un jour au perruquier qui le coiffait, et qui en fut stupéfié :« Pourquoi me serrez-vous le bras ? » C'est à ce moment même qu'un de ses amis se noyait. Le savant eut l'esprit tellement frappé de cette coïncidence qu'il ne voulut plus jamais entrer seul dans sa chambre.

Brierre de Boismont rapporte, dans son livre surles Hallucinations, l'histoire d'une jeune fille qui voit en rêve sa mère mourante, qui s'entend appeler, qui décrit toute une scène de mort. Or tous les détails étaient véridiques, et Mad. R..., mère de cette jeune fille, mourait à ce moment même.

Brierre de Boismont ajoute : « Si nous voulions citer tous les noms des personnages connus ayant une haute position dans la science, un jugement excellent, des connaissances très étendues, qui ont eu de ces avertissements, de ces pressentiments, il y aurait matière à plus d'une réflexion ».

C'est précisément parce qu'il faut y réfléchir que ce livre a été écrit.

Mad. J. Adam, l'éminente écrivain, à 2 J 2 heures était dans sa chambre, et nourrissait sa petite fille. Réveillée par les pleurs de l'enfant, elle voit sa grand'mère au pied de son lit : « Quelle joie, dit-elle, grand'mère, de te voir! » Mais l'ombre ne répondit pas et leva la main vers l'orbite de ses yeux. « Je vis, écrit Mad. Adam, deux grands trous vides. Je me jetai au bas de mon lit, et courus vers ma grand'mère. Au moment où j'allais la saisir dans mes bras, le fantôme disparut. » La grand'mère, en réalité, était morte ce jour- là à 20 heures 1 .

1. Flammarion, Loc. cit., 187.

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