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de Puységur, lequel, modifiant les méthodes de Mesmer, a vraiment créé (avec d’Eslon, et avec le naturaliste Deleuze, bibliothécaire de la Bibliothèque du Jardin des Plantes), le magnétisme animal (somnambulisme provoqué) tel que nous le connaissons aujourd’hui[1].

Mesmer, en adoptant le mot magnétisme, voulait seulement dire action à distance, comme jadis Paragelse ou Goglenius, quand ils parlaient de l’action magnétique des astres ou des substances. C’est dans ce sens que Mesmer est plus métapsychiste que ne l’ont été ses successeurs immédiats.

Avec de Puységur, d’Eslon, Deleuze, la magnétisation devint surtout un procédé thérapeutique. Pourtant, de-ci delà, des faits métapsychiques, l’action à distance, la vision à travers les corps opaques, la clairvoyance (ou lucidité), furent observées. Mais — ce qui est assez singulier — presque tout l’effort des magnétiseurs s’est concentré sur la diagnose et la thérapeutique des maladies[2].

Pététin, médecin de Lyon, a cité divers faits de cryptesthésie qu’il explique d’une manière naïve par une sensibilité spéciale de l’épigastre. Une de ses malades, cataleptique, quand on lui mettait une carte sur l’estomac, reconnaissait cette carte. Pététin est un des magnétiseurs du temps passé qui ont, avec le plus de soin, étudié les phénomènes psychologiques, ou pour mieux dire, métapsychiques, qui accompagnent si souvent l’hypnose.

Le baron Du Potet, et Husson, médecin de l’Hôtel-Dieu et membre de l’Académie de Médecine, firent en 1825 des expériences retentissantes sur le somnambulisme provoqué à distance[3]. Un rapport mémorable, présenté à l’Académie de Médecine de Paris, parut en 1833 (Husson, rapporteur).

Parmi les conclusions qui furent adoptées, je signalerai les suivantes, qui sembleront téméraires, même aujourd’hui :

  1. Maxime de Puységur, Rapport des cures opérées à Bayonne par le magnétisme animal, adressé à M. l’abbé de Poulouzat, conseiller clerc au Parlement de Bordeaux, Bayonne, 1784. Mémoires pour servir à l’établissement du magnétisme animal, Paris, 8°, 1820. — Deleuze, Histoire critique du magnétisme animal, 1re édition, 1813. — Pététin, Electricité animale, mémoires sur la catalepsie. — Foissac, Rapport et discussions sur le magnétisme animal, Paris, 1825. — Deleuze, Instruction pratique sur le magnétisme animal, dern. éd., Paris, 1853.
  2. Pourtant il y a un ouvrage posthume de Deleuze, Mémoire sur la faculté de prévision, avec des notes de M. Mielle, Paris, 1834.
  3. Rapports et discussions de l’Académie royale de Médecine sur le magnétisme animal, 8°, Paris, 1833.