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MONITIONS 331

tellement blessé au pied d'un mur. Il est beaucoup plus raisonnable de supposer que c'est la notion de ce fait qui a frappé son esprit, au lieu d'admettre que l'âme de Fox a été ébranler le cerveau de M. Phibbs.

Finalement, la lucidité accidentelle, qui se traduit par des muni- tions, nous conduit à la conclusion que nous avait apportée la luci- dité expérimentale, à savoir qu'il y a des procédés de connaissance, pour l'intelligence, qui sont différents de nos procédés de connais- sance habituels.

Il est possible qu'il y ait dans certaines familles une aptitude héréditaire à la lucidité. Le D r Ludwig f en cite un cas assez intéres- sant, deux frères et deux sœurs, ayant eu tous les quatre des phéno- mènes de cryptesthésie assez nets.

M. Emile Laurent 1 a insisté avec raison sur certains caractères généraux des monitions, en montrant qu'elles paraissent s'arrêter dès que la monition a été comprise. 11 semble que l'effet choisi par le manifestant, ait été précisément celui qui avait le moins de chances de passer inaperçu, étant le plus susceptible d'éveiller l'attention. Ou est tenté d'admettre qu'une sorte de choix a été fait, parmi les manifestations possibles, de celle qui ne pouvait résulter de causes vulgaires. M. Laurent en conclut que les monitions sont intelli- gentes. Cette conclusion paraît nécessaire. Mais il ne s'ensuit pas du tout que l'intelligence produisant la monition ne soit pas celle du percipient lui-même. Tout de même, on est forcé de supposer, au moins provisoirement, que les monitions, quelle que soit l'hypo- thèse qu'on adopte sur leur origine, le plus souvent sont choisies et bien choisies .

Ajoutons : 1° qu'elles sont symboliques; 2° qu'elles font dans la mémoire du percipient une impression tellement forte qu'il en garde tous les détails présents à l'esprit pendant longtemps ; 3° qu'elles ne provoquent pas la prodigieuse frayeur qu'on pourrait supposer.

On ne peut mentionner les histoires légendaires (et peu vraisem- blables des rêves monitoires historiques.

Il parait que Sophocle, le grand poète, eut un rêve cryptesthé-

1. Telepathische Veranlagung (Psychische Studien, XLVII, 1920, 456).

2. Remarques sur les manifestations télépathiques , A . S. P., 1907, XVII, 161-176.

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