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légendes contiennent quelque fragment de vérité. L’histoire des sciences nous prouve qu’il a fallu bien souvent revenir à des idées considérées d’abord comme puériles. L’hypnotisme, et surtout le spiritisme, sont là pour établir à quel point les négations, si elles s’étalent sans examen, font que la science, au lieu d’avancer, se fossilise, quand la routine, et non l’amour du progrès, anime l’âme des savants.

Mais je renvoie au livre de Görres, très complet, naturellement d’une crédulité sans limites, pour toutes ces légendes, desquelles jamais sans doute on ne saura extraire la quantité de vérité qui y est incluse[1].

Ce qui est intéressant, c’est de constater que presque tous les phénomènes du métapsychisme contemporain sont indiqués.

Il est vrai que la naïveté des chrétiens d’alors n’attribue pas à Dieu seul et aux bons anges, et aux saints, ces pouvoirs métapsychiques. Le diable est, lui aussi, capable, quand il prend possession d’une malheureuse femme, de bien des merveilles. Il est presque aussi puissant que Dieu, et il communique au possédé ou à la possédée des pouvoirs étranges :

1° Faculté de connaître les pensées, même non exprimées ;

2° Intelligence des langues inconnues au possédé, et faculté pour lui de les parler ;

3° Connaissance des événements futurs ;

4° Connaissance de ce qui se passe dans les lieux éloignés, ou situés hors de la portée de la vue ordinaire ;

5° Suspension en l’air (lévitation).

Ce sont là des phénomènes essentiellement métapsychiques. Il n’est donc guère douteux que, pour les possédés comme pour les saints, de tels phénomènes ont dû, çà et là, se manifester de tout temps.

Même on trouve dans l’antiquité mentionnées les tables tournantes divinatoires (Mensae divinatoriæ). Tertullien parle des chaînes et des tables qui prophétisent, et il ajoute que c’est un fait

  1. J’ai essayé d’analyser un phénomène ancien de possession fort curieux, à Presbourg en 1641. mais on ne peut en rien déduire (Phénomènes métapsychiques d’autrefois, A. S. P., 1905, 197-217 ; 413-421).