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318 CRYPTESTHÉSIE ACCIDENTELLE

§ 3. — Des conditions dans lesquelles se produisent

les monitions.

Les monitions se produisent dans les conditions les plus variées, et cependant il y a entre elles certains points de ressemblance qu'on constatera en lisant les récits que nous donnons plus loin.

1° En général, pour les monitions visuelles, c'est une forme indé- cise, vaporeuse, uu nuage, qui permet de voir les objets qui sont derrière, quoique dans d'autres cas les objets placés derrière soient occultés, tout comme si l'image était un être réel, opaque.

2° Les détails de la figure sont parfois perçus avec une netteté extrême. On distingue les yeux, le nez, les rides, la couleur des cheveux, l'apparence de gaieté ou de tristesse. En un mot tout se passe comme s'il s'agissait d'un être vivant et se mouvant dans le monde réel.

3° Quelquefois la forme parle ; quelquefois il y a phénomène auditif, sans phénomène visuel; quelquefois — mais rarement — il y a phénomène tactile, de sorte que l'impression de la réalité est absolue, puisque tous les sens contribuent à faire admettre l'exté- riorisation de l'image. Souvent il y a nette compréhension de ce que la forme a voulu dire, sans qu'il y ait perception de telle ou telle parole nettement prononcée. Absolument comme dans un rêve, on sait ce qui est dit, sans qu'il y ait souvenir d'une émission ver- bale particulière ou d'une parole ayant frappé nos sens.

4° La monition a très souvent lieu par un rêve. Alors l'individu, à son réveil, se rappelle les circonstances exactes de son rêve. Sou- vent aussi son rêve le réveille, sans que l'apparition disparaisse tout de suite. Rarement (comme dans le cas du D r Orsi), le rêve monitoire se répète plusieurs nuits de suite. Ce rêve arrive souvent dans l'état intermédiaire à la veille et au sommeil (Borderland, hal- lucinations hypnagogiques de Maury).

5° La récognition est variable. Souvent la forme est indécise, de sorte que le percipient ne peut d'abord être assuré qu'il s'agit de telle ou telle personne. C'est un malaise, une angoisse, une inquié- tude vague. D'abord le percipient ne pense pas à telle ou telle per- sonne plus qu'à une autre. Mais peu à peu il précise sa notion, et relie le phénomène visuel constaté à la vision de telle personne

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