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central — sur la circulation et la nutrition de telle ou telle partie du corps (nerfs trophiques) n’a rien de métapsychique, et il suffit de se référer à quelques-unes des publications que les médecins ont multipliées sur ce sujet[1].

J’hésite à nier tous les faits anciens de lévitation, Görres n’en cite pas moins de 72 cas. Encore ne les rapporte-t-il pas tous, dit-il. Mais il est impossible de savoir le degré de vérité de ces miracles. Le saint qui a eu les lévitations les plus fréquentes est certainement saint Joseph de Copertino (béatifié en 1753) (1603-1663). « Ses saisissements et ses ascensions n’eurent pas seulement, dit Görres (p. 308), pour témoins le peuple et les religieux de son ordre. Le pape Urbain VIII le vit un jour dans cet état, et il en fut hors de soi d’étonnement. Joseph, considérant qu’il était en présence du vicaire de Jésus-Christ, tomba en extase, et s’éleva au-dessus de terre. »

Pendant longtemps, hier, aujourd’hui encore, on a raillé maintes crédulités, les lévitations des saints, les divinations des somnambules, les pressentiments de mort par les rêves, les guérisons extatiques, les stigmates, les maisons hantées, les apparitions, et on a pêle-mêle confondu toutes ces croyances dans un immense mépris, insoucieux de tout examen.

Il me paraît que c’est une grave faute. Tout n’est pas vrai assurément dans ces histoires : mais tout n’est pas faux non plus. Les récits étranges que parfois on nous apporte excitent un sourire railleur, et nous sommes tout d’abord portés à croire qu’on déraisonne. Eh bien ! on ne déraisonne pas ; on ne ment pas ; il n’y a jamais ou presque jamais de mensonge dans les récits fantaisistes qu’on nous confie, et très rarement des illusions totales. On exagère, on transforme, on arrange les choses, on oublie des détails essentiels, on ajoute des détails imaginaires ; mais toutes ces

  1. Apte (M.), Les stigmatisés, étude historique et critique sur les troubles vasomoteurs chez les mystiques. Th. de doctorat, Paris. 1903. — Kohnstamm, Hypnotische Stigmatisierung, (Zeitsch. f. d. Ausbau d. Entwicklungslehre, 1908, II, 314-321). — Gorres, La mystique divine, naturelle et diabolique, trad. fr., Paris, 1854, II, 174-210. — Bourneville, Science et Miracle, Louise Lateau, ou la stigmatisée belge, 8°, Paris, 1875. — Carré de Montgeron, La vérité des miracles opérés par l’intercession du diacre Paris, II, Cologne, 1747. — Alfred Maury, La magie et l’astrologie, Paris, 1895. — P. Janet, Bullet. de l’Institut psychologique international, juillet 1901. — A. de Rochas, A. S. P., janvier 1903.