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314 CRYPTESTHÉSIE ACCIDENTELLE

100 milliards, soit d'un cent-millionième, moins encore sans doute. Par conséquent, il y a eu en France et en Angleterre, en soixante ans, un cent-millionième seulement de cas (à monition possible) où il y a eu monition. C'est très peu ; c'est si peu qu'on peut considérer ce cent-millionième comme négligeable, d'autant plus que, si l'on éliminait les observations inexactes, les exagérations, les défectuo- sités de mémoire, il faudrait sans doute rameuer ce cent-millio- nième à une quantité beaucoup plus faible ».

Cette objection est quelque peu analogue à la remarque de l'in- crédule qui, voyant dans une chapelle les témoignages de recon- naissance que les marins sauvés du naufrage avaient adressés à saint Pierre leur patron, demanda à voir les noms de tous ceux qui furent noyés malgré leurs prières.

N. Vaschide n'a pas pu obtenir de résultats positifs l , mais la cri- tique de N. Vaschide est bien peu précise. Il dénie d'abord, contrai- rement à tout bon sens, encore qu'il allègue en sa faveur le bon sens, l'application du calcul des probabilités. Surtout, après avoir établi, par uneenquête personnelle, que leshallucinations constatées par lui n'étaient pas véridiques, il en conclut que l'enquête de la S. P. R. n'est qu'une illusion ; mais la science en pareil cas ne peut prouver une négation, et je comparerais volontiers cettenégation de Vaschide à celle du médecin vénitien Primerose, qui répondant à Harvey, lui dit : « Il est possible qu'à Londres tu aies entendu le cœur battre dans la poitrine, mais nous, à Venise, nous n'entendons rien de semblable ».

On peut répondre à Vaschide.

1° Le nombre des personnes qui, pour une raison ou une autre, par insouciance, par paresse, par inattention, par crainte, ne veu- lent pas donner leur témoignage, est assez considérable. Mais sur- tout est énorme le nombre de ceux qui n'ont jamais entendu parler de nous et de notre enquête. Quelle est la proportion des individus passant à Trafalgar Square, ou à la Place de l'Opéra, qui ont ouï parler d'une enquête sur les Hallucinations véridiques et qui pen- seraient à écrire une lettre pour raconter le fait qui leur est per-

1. Les hallucinations têlépathiques, ouvrage posthume, Paris. 1908.

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