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Cicéron donne le récit d’un autre phénomène métapsychique, que j’abrège[1].

Deux amis, étant arrivés à Mégare, allèrent loger eu deux maisons différentes. L’un d’eux rêve que son camarade lui demandait secours pour l’empêcher d’être assassiné. Il se réveille, comprend que ce n’est qu’un rêve, et se rendort. Mais de nouveau son ami lui apparaît, et lui dit : « Puisque tu n’as pas pu me sauver la vie, au moins faut-il me venger, se interfectum in plaustrum a caupone esse conjectum, et supra stercus injectum… Hoc somnio commotus mane bulbulco praesto ad portam fuisse, quaesisse ex eo quid esset in plaustro, illum perterritum fugisse, mortuum erutum esse ; cauponem, re patefacta, poenas dedisse ». Et Cicéron, sans s’étonner outre mesure de cette monition, ajoute : « Quid hoc somnio dici divinius potest ? »

Plus loin, il dit en parlant des divinations, auxquelles il croit un peu cependant : « Multa falsa, imo obscura, idque fortasse nobis… facilius evenit appropinquante morte, ut animi futura augurentur ».

Tacite parle d’une vision qui apparut à Curtius Rufus[2]  : oblata ci species muliebris ultra modum humanum, et audita est vox.

Si l’on voulait bien chercher dans l’histoire, ou trouverait quantité de faits d’ordre métapsychique. Mais toute conclusion sérieuse est impassible.

Qui donc oserait aujourd’hui parler sérieusement de Simon le Magicien, ou d’Apollonius de Tyane, voire de Cardan, de Corneille Agrippa ? Les mages, magiciens, mystiques, n’ont rien à faire avec la science contemporaine, ni avec la métapsychique saine, telle que nous la comprenons aujourd’hui.

L’apparition d’un fantôme à Brutus mérite cepeudant d’être rapportée La voici d’après Plutarque[3].

« Une nuit, bien tard, tout le monde estant endormy dedans son camp eu grand silence, ainsi qu’il estoit en son pavillon avec un peu de lumière, il luy fut advis qu’il ouit entrer quelqu’un, et jettant sa veue à l’entrée de son pavillon, apperçut une merveilleuse

  1. De divinatione, I, § 27, Ciceronis Opera, Ed. Amar, XVI, 1824, 248.
  2. Annales, XI, § 21.
  3. Plutarque, Vies des hommes illustres, trad. par Amyot, Paris, 1802, IX, Vie de Brutus, p. 152.