Probablement tout n’est pas faux ; mais la séparation du vrai et du faux ne peut pas être faite. Aussi laisserons-nous de côté délibérément tous les miracles des religions, tous les prodiges qui ont signalé la mort de César, ou celle de Jésus-Christ, ou celle de Mahomet.
Pourtant on trouve, dans cette démesurément longue période de crédulité et d’ignorance, quelques faits dignes d’être mentionnés.
C’est d’abord la très curieuse histoire du démon de Socrate[1].
Ainsi que le disent formellement les deux disciples illustres de Socrate, Platon et Xénophon, Socrate prétendait avoir un génie familier, un démon, qui lui indiquait l’avenir et parfois lui dictait sa conduite. Même Socrate pensait que cet être était étranger à lui, différent de lui, car il lui révélait des choses inconnues. Ce démon fut ce qu’eu langage spirite on appelle un guide.
Dans le Théagète, Platon fait dire à Socrate : « Depuis mon enfance, grâce à la faveur céleste, je suis suivi par un être presque divin, dont la voix me déconseille parfois d’entreprendre quelque chose, mais jamais ne me pousse à faire telle ou telle action. Vous connaissez Charmide, le fils de Glaucon. Un jour il me dit qu’il veut disputer le prix des jeux néméens… Je cherche à dissuader Charmide de son dessein, en lui disant : Pendant que tu me parlais, j’ai entendu la voix divine… Ne va pas à Némée ! Il n’a pas voulu m’écouter ! Eh bien ! vous savez qu’il est tombé ».
Dans l’Apologie pour Socrate, Xénophon lui fait dire : « Cette voix prophétique s’est fait entendre à moi dans tout le cours de ma vie : elle est certainement plus authentique que les présages tirés du vol ou des entrailles des oiseaux : je l’appelle Dieu ou Démon (θεός ἤ δαιμῶν). J’ai communiqué à mes amis les avertissements que j’en ai reçus, et jusqu’à présent sa voix ne m’a jamais rien affirmé qui ait été inexact ».
C’est là un point sur lequel à maintes reprises Socrate a insisté. Les prédictions de son génie familier se sont toujours vérifiées.
Dans toute l’antiquité, l’histoire du démon de Socrate était parfaitement connue en tous ses détails.
Plutarque en parle[2] : « Socrate, ayant un entendement pur et