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272 MËTAPSYCH1QUE SUBJECTIVE

��| VIII. — XÉNOGLOSSIE

Il faut faire rentrer dans le groupe des phénomènes cryptesthé- siques le parler en une langue inconnue (ce que j'ai appelé xéno- glossie) (compréhension, lecture, écriture, prononciation, d'une langue qu'on n'a pas apprise). On en possède quelques cas qui, sans permettre une conclusion ferme, sont troublants 1 .

D'abord nous ne pouvons appeler xénoglossie les langages ima- ginaires créés par les médiums.

Le cas le plus célèbre, merveilleusement analysé, est le langage martien d'HÉLÈNE Smith. Flournoy a démontré, en toute rigueur, que cette langue nouvelle n'était que du français modifié. Quelle mémoire étonnante ! quelle stupéfiante richesse d'invention ! Hélène Smith en six mois est arrivée à parler couramment la langue nou- velle qu'elle avait imaginée de toutes pièces. Flournoy lui ayant fait quelques objections, elle a changé son langage martien et a trouvé l'ultra-martien. C'est admirable.

Inspirée par le roman martien d'HÉLÈNE Smith, Mad. Smead, en Amérique, a imaginé aussi un autre langage martien-.

Ces créations indiquent la fécondité de l'inconscient. Elles n'ont rien à faire avec la cryptesthésie. La xénoglossie reste le parler en une langue étrangère qui était inconnue au médium, et qui est une vraie langue existante.

Le cas le plus frappant est celui de Laura Edmunds, la fille du juge Edmunds, qui fut président du Sénat, et membre de la Cour Suprême de justice de New- York, personnage d'une haute intelli- gence, et d'une loyauté irrécusable. Laura, sa fille, fervente catho- lique, très pieuse, ne parlait que l'anglais. Elle avait appris à l'école quelques mots de français, mais c'est tout ce qu'elle savait en fait de langues étrangères. Or, un jour (en 1859), M. Edmunds reçut la visite de M. Evangélidès, de nationalité grecque, qui put s'entretenir en grec moderne avec Laura Edmunds.

Au cours de cette conversation, à laquelle assistèrent plusieurs

1. Ils sont cités par C. r>E Vesme (A. S. P., 1885. XV, 319).

"2. V. Hyslop, La médiumnité de Mad. Smead (A. S. P., 1906, 461).

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