266 MÉTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE
tels détails, alorsaussitôt leur inconscience a fabriqué le personnage de Raymond, personnage imaginaire, en ce sens que Raymond n'existe plus, personnage réel en ce sens qu'ils ont groupé autour de cette auto-suggestion beaucoup de faits vrais que leurs sens normaux ne pouvaient leur avoir appris.
Car enfin, si c'était réellement Raymond parlant par l'intermé- diaire de Feda, pourquoi serait-il si avare de preuves ? pourquoi tant de paroles (comme celles qui sont relatives à Faunus et à Myers), si obscures, si symboliques ? Pourquoi si peu de noms, de dates, et même de souvenirs précis? La cryptesthésie est toujours partielle, insuffisante, symbolique, mélangée de tant d'erreurs et d'eufantil- lages, qu'il est difficile de croire que la conscience survivante d'un décédé puisse être à ce point insuffisante, alors que pour pouvoir affirmer scientifiquement notre croyance à l'immortalité, nous aurions grand besoin de plus instructifs témoignages.
Mad. Léonard dit que Raymond est photographié avec la main d'un camarade sur son épaule. Personneà Londres ne connaît cette pho- tographie ; et voilà un fait de lucidité incontestable. Mais je ne vais pas en conclure que c'est Raymond qui survit, et qui nous donne ce détail. Il est plus simple d'admettre la lucidité de Mad. Léonard. D'autant plus que, dans bien des cas, elle adonné des preuves de lucidité dans lesquelles l'intervention d'un décédé ne peut pas être invoquée. Très vraisemblablement, si le vaillant Raymond n'avait pas été tué, Mad. Léonard aurait pu tout aussi bien parler de cette photographie, puisque elle a, dans maintes occasions, prouvé, sans le secours d'un mort, qu'elle connaissait certains faits par des voies supernormales.
Hélas non ! la survivance n'est pas du tout prouvée ainsi ; et le beau livre de Sir Ouver Lodge, malgré tout le génie de l'auteur, et sa noble foi en l'avenir des consciences humaines, n'a pas fait faire le pas décisif.
Même, si je devais formuler une conclusion, je conclurais que la survie de la conscience n'existe pas, tant ces soi-disant consciences sont fragmentaires, symboliques, incertaines, étonnammentpauvres en précisions. Et c'est avec un profond regret que j'arrive à cette négation ; car il m'en coûte de me séparer aussi formellement de Myers et de Lodge, qui ont toute ma coufiance et toute mon admiration.
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