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l’observation et l’expérience aboutissent aux mêmes résultats, elles se confirment l’une par l’autre.

Il y aura donc toujours, dans ce livre, soit pour la lucidité (cryptesthésie), soit pour les mouvements d’objets (télékinésie), soit pour les matérialisations (ectoplasmie), deux chapitres : un premier chapitre d’expériences, un second chapitre d’observations.

La méthode d’expérimentation est relativement facile, tandis que la méthode d’observation est d’une extrême difficulté. Car les documents trop souvent sont douteux. Ils sont nombreux, et même trop nombreux ; la science métapsychique est compliquée par l’encombrement d’expériences mal faites et d’observations mal prises. Il se trouve qu’au lieu d’être, par ceux qui la cultivent, traitée avec la rigueur qui convient à une science, la métapsychique a été envisagée par ses adeptes comme une religion. Erreur grave, qui a eu des conséquences néfastes.

Les spirites ont voulu mêler la religion à la science, et ç’a été au grand détriment de la science.

Non certes que je veuille jeter le blâme sur les efforts des spirites. Ce serait d’une assez sinistre ingratitude. Alors que les savants officiels, suivis par l’immense majorité du populaire, rejetaient dédaigneusement, sans examen, et souvent avec une insigne mauvaise foi, les travaux de Crookes, de Wallace, de Zöllner, les spirites s’en sont emparés, et courageusement se sont misa l’ouvrage. Mais tout de suite, au lieu de faire œuvre scientifique, ils ont fait œuvre religieuse. Ils ont entouré de mysticisme leurs séances, faisant des prières, comme s’ils étaient dans une chapelle, parlant de régénération morale, se préoccupant avant tout de mystère, satisfaits de converser avec les morts, se perdant dans des divagations enfantines. Ils n’ont pas voulu voir que les choses de la métapsychique ne sont pas du tout les choses de l’au-delà, et même qu’il n’y a peut-être pas d’au-delà. L’au-delà les a perdus : ils se sont noyés dans des théologies et des théosophies puériles.

Quand un historien étudie les Capitulaires de Charlemagne, il ne pense pas à l’au-delà ; quand un physiologiste enregistre les contractions musculaires d’une grenouille, il ne parle pas des sphères ultra-terrestres ; quand un chimiste dose l’azote de la léci-