Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

TRANSPOSITION DES SENS 231

Il s'agit d'une femme fort intelligente, Mad. M..., très cultivée, de trente-deux ans, non mariée, qui fut prise de troubles ner- veux assez graves (grande hystéro-épilepsie). Le D 1 ' Ciiowrin fut amené à s'occuper d'elle, parce qu'un jour, en sa présence, ayant reçu une lettre qu'elle maniait en sa- main, sans l'ouvrir, elle se mit soudain à pleurer, disant qu'il y avait un grand malheur dans cette lettre. De fait la lettre annonçait la mort d'une de ses nièces.

Diverses expériences ingénieuses furent alors entreprises. M. Ciio- wrin, parfaitement au courant des supercheries dont les hysté- riques sont capables, lit des expérimentations rigoureuses, de concert avec ses collègues de la Société médicale de Tambow. Des lettres cachetées entourées de noir d'aniline, enfermées parfois dans des papiers photographiques sensibilisés, étaient écrites en carac- tères si fins qu'on ne pouvait les distinguer qu'à la loupe. (Il faut étudier dans le mémoire original le détail de toutes les excellentes précautions prises.)

La lecture de ces lettres fut faite quarante fois environ, et M. Chowiun ajoute : « Si M... a la propriété d'ouvrir ces lettres et de les recacheter intégralement, de manière à ramener au statu quo mite les signes, les cachets, les enveloppes, les papiers photogra- phiques sensibilisés et non impressionnés, c'est aussi extraordi- naire que de lire les lettres sans les avoir ouvertes. »

Dans une autre série d'expériences, M... lut, eu présence de diverses personnes, des lettres hermétiquement closes. Tantôt la lettre était lue avec son texte, tantôt le sens de la lettre était indi- qué par des images qui se présentaient à elle. Par exemple, dans une lettre écrite par le D r Andréoff, il y avait : « Dans les sables de l'Arabie s'élevaient trois palmiers entre lesquels coulait une source murmurante. » M... dit : « Un grand espace. C'est du sable, blanc comme de la neige, mais ce n'est pas de la neige ; trois arbres, très hauts. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Peu de feuilles, mais de larges feuilles, une source dont j'entends distinctement le mur- mure. »

Dans une autre expérience, le D r Troizki écrivit sur un bout de

duction allemande donnée par A. de Schrenck-Notzing, Experïmen telle Unter- suchunçjen auf dem Gebiete des raumlichen llellsehens, der Kryptoscopie und ina- daequaten Sinneserregung, E. Reinhardt, Miïnchen, 1919, 80 p.

�� �