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En réalité la psychométrie de Buchanan et de quelques expérimentateurs n’est qu’un procédé pour développer la cryptesthésie. Aussi proposerous-nous de dénommer cryptesthésie pragmatique, (c’est-à dire par les choses), ce qui a été jusqu’ici, si déplorablement, appelé psychométrie.

La cryptesthésie pragmatique doit être entendue dans un sens assez différentdu sens que Buchanan avait donné au début à la psychométrie. Ce début est assez singulier. Elisabeth Denton (Mad. Buchanan), regardant et touchant un fragment d’une assise géologique, reconstituait le paysage d’autrefois des époques siluriennes ou jurassiques ! Mais il faudrait être bien naïf pour s’en ébahir. Il n’y a là que le résultat d’une très brillante imagination chez l’épouse d’un géologue expérimenté ; nous ne pouvons donc à tous les récits d’E. Denton attribuer qu’une importance littéraire.

Depuis lors la psychométrie a pris une extension assez grande. Si l’on donne un objet quelconque à un sensitif, celui-ci va fournir maints détails curieux sur les personnes à qui appartenait cet objet; dans ces conditions, on obtient parfois de beaux phénomènes de lucidité cryptesthésique. Les magnétiseurs de 1820 à 1850 procédaient ainsi ; leur seule supériorité sur Buchanan, c’est qu’ils n’avaient pas employé le mot de psychométrie .

Malgré ces beaux cas de lucidité si souvent observés, il n’est pas prouvé du tout que la présence même de l’objet soit indispensable. De même qu’il n’est pas certain du tout que la soi-disant transmission de pensée soit autre chose qu’une connaissance d’un fait réel, connu parce qu’il est réel, de même il n’est pas certain que le contact d’un objet soit indispensable à la connaissance (métapsychique) de cet objet. La cryptesthésie, — dont la réalité, comme nous l’avons vu, ne peut être niée — s’exerce presque aussi bien sans contact matériel qu’avec contact matériel.

Pourtant il est possible que les objets, malgré leur apparente inertie, émettent quelques vibrations (inconnues) capables d’éveil-

Welt, Irad. in A. S. P., 1910, XX, 231-240. 276-280. — Thaneg (pseudonyme de Descormiers), Méthode de clairvoyance psychométrique, Libr. des Se. Psych., Paris, 1902. — Coates (James), Seeing the invisible : Praclical studies in psychometry, thought transference, telepathy and allied phenomena (London and New-York, Fowler and Wells, 1909, in-8°. — Duchatel (Edmond), Enquête sur des cas de psychométrie. La vue à distance dans le temps et dans l’espace (préface de J. Maxwell), Paris, Leymarie, 1910, in-8°.