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La métapsychique subjective est donc la science qui traite de phénomènes uniquement mentaux et qu’on peut admettre sans rien changer à toutes lois connues de la matière vivante ou inerte, ni aux diverses énergies physiques, lumière, chaleur, électricité, attraction, que nous avons l’habitude de mesurer et de déterminer.

Au contraire, la métapsychique objective traite de certains phénomènes matériels que la mécanique ordinaire n’explique pas : mouvements d’objets sans contact, maisons hantées, fantômes, matérialisations photographiables, sonorités, lumières, toutes réalités tangibles, accessibles à nos sens.

Autrement dit, la métapsychique subjective est intérieure, psychique, non matérielle : la métapsychique objective est matérielle et extérieure.

La limite entre les deux ordres de phénomènes est parfois incertaine ; mais souvent elle est très tranchée, et nulle confusion n’est possible. Par exemple, à Paris, le 11 juin 1904, l’assassinat de la reine Draga est formellement indiqué, alors qu’il n’y avait, à la médium qui l’a révélé, aucune connaissance rationnelle possible de ce crime, qui s’est produit à Belgrade à la minute même où il a été indiqué à Paris. Voilà un fait de métapsychique subjective.

Eusapia Paladino met ses mains à cinquante centimètres au-dessus d’une lourde table : on lui tient les mains, les pieds, les genoux, le torse, la tête, la bouche : alors la table se soulève des quatre pieds sans contact. Fait de métapsychique objective.

Souvent les phénomènes participent aux deux métapsychiques à la fois. Alors la dissociation est difficile, sinon impossible. A voit apparaître l’image B de son père mourant. Évidemment c’est une vision uniquement subjective si d’autres personnes étaient à côté de A et n’ont rien vu. Mais, si l’image de B, en même temps qu’elle apparaissait à A, a été vue par d’autres personnes que par A, si de plus l’apparition a pu être photographiée, si elle a laissé sa trace sur des plaques sensibles, ce n’est pas seulement un fait subjectif, c’est encore un fait objectif, car il y a eu un phénomène matériel, et la vision qu’a eue A cesse d’être un phénomène subjectif.

La fréquence des phénomènes subjectifs est bien plus grande que celle des phénomènes objectifs : les médiums donnant des phéno-