La métapsychique, — en laissant de côté, bien entendu, la psychologie dont l’objet est nettement limité — est la seule science qui étudie des forces intelligentes. Toutes les autres forces que les savants ont jusqu’à présent étudiées et analysées au point de vue de leurs causes et de leurs effets, sont des forces aveugles, qui n’ont pas conscience d’elles-mêmes, dépourvues de caprice, autrement dit de personnalité et de volonté. Le chlore se combine au sodium sans que nous puissions soupçonner la plus petite parcelle d’intellectualité dans le chlore et le sodium. Le mercure se dilate par la chaleur sans rien y comprendre, et sans rien y pouvoir modifier. Le soleil projette ses rayons caloriques, électriques et lumineux dans les espaces, sans aucune intention volontaire, sans fantaisie, sans choix, sans personnalité pensante.
Or les forces qui déterminent les pressentiments, les télépathies, les mouvements d’objets sans contact, les apparitions, et certains phénomènes mécaniques et lumineux paraissent ne pas être aveugles et inconscientes, comme le chlore, le mercure et le soleil. Elles n’ont pas ce caractère de fatalité attaché aux phénomènes mécaniques et chimiques de la matière. Elles semblent avoir des intellectualités, des volontés, des intentions, qui ne sont peut-être pas humaines, mais qui, en tout cas, ressemblent aux volontés et aux intentions humaines. L’intellectualité, c’est-à-dire le choix, l’intention, la décision conforme à quelque volonté personnelle, inconnue, voilà le caractère de tout phénomène métapsychique.
Je diviserai la métapsychique en métapsychique objective et métapsychique subjective.
La métapsychique objective mentionne, classe, analyse certains phénomènes extérieurs, perceptibles à nos sens, mécaniques, physiques ou chimiques, qui ne relèvent pas des forces actuellement connues, et qui paraissent avoir un caractère intelligent.
La métapsychique subjective étudie des phénomènes qui sont exclusivement intellectuels. Ils se caractérisent par la notion de certaines réalités que nos sensations n’ont pu nous révéler. Tout se passe comme si nous avions une faculté mystérieuse de connaissance, une lucidité que notre classique physiologie des sensations ne peut encore expliquer. — Je propose d’appeler cryptesthésie, c’est-à-dire sensibilité dont la nature nous échappe, cette faculté nouvelle.