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faits étranges, qu’ils soient niés ou acceptés, n’en existent pas moins.

Qu’un fait rentre ou ne rentre pas dans le cadre des notions enseignées, vraiment cela lui importe peu.

Il nous a paru qu’il fallait présenter dans leur ensemble l’exposé méthodique de ces phénomènes. Il est inadmissible que, pour inhabituels qu’ils soient, ils ne soient pas soumis, eux aussi, à des lois, et par conséquent accessibles à l’étude, c’est-à-dire à la science. Oui ! Nous croyons qu’il peut y avoir une science, ou tout au moins une étude, du surnaturel et de l’occulte.

Mais le mot surnaturel, comme le mot supranormal de Fr. Myers, est mauvais, car il ne peut y avoir dans l’univers que du naturel et du normal. Un fait, du moment qu’il existe, est nécessairement naturel et normal. Nous rejetons donc les mots de supranormal et de surnaturel, de même que le mot occulte, car sciences occultes, cela veut dire, et très naïvement, qu’elles sont mystérieuses, et par conséquent inabordables pour nous. En 1905, j’ai proposé le terme de métapsychique qui a été unanimement accepté. Ce mot a pour lui (et ce n’est pas négligeable) l’autorité d’Aristote. Aristote, ayant traité des forces physiques, a voulu écrire ensuite un chapitre sur les grandes lois de la nature qui dépassent les choses de la physique, et il a intitulé ce livre : « Après les choses physiques » (μέτα τα φυσικα, métaphysique)[1].

Il importe maintenant de définir la métapsychique.

Ce qui caractérise le fait métapsychique, quel qu’il soit, c’est qu’il semble dû à une intelligence inconnue (humaine ou non humaine). Dans la nature nous ne voyons d’intelligence que chez les êtres vivants : chez l’homme, nous ne voyons d’autre source de connaissance que par les sens. Nous laissons à la psychologie (classique) l’étude de l’intelligence des animaux et de l’homme. Les phénomènes métapsychiques sont autres : ils paraissent dus à des forces intelligentes inconnues, en comprenant dans ces intelligences inconnues les étonnants phénomènes intellectuels de nos inconsciences.

  1. Quand j’ai présenté pour la première fois en 1905, dans mon adresse présidentielle à la S. P. R. de Londres, le mot de métapsychique, M. W. Lutoslawski m’a fait observer que dans un écrit polonais (Cracovie, 1902, Wyklady Jagiellonskie), il avait déjà suggéré ce mot, mais ce fut pour des notions assez différentes. E. Boirac a proposé le terme de parapsychique, qui n’a pas prévalu, tandis que le vocable de métapsychique est maintenant partout adopté.