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ÉCRITURE AUTOMATIQUE 93

de Dickens est intervenue. Même si la bonne foi de James était établie, même si l'incapacité de l'intelligence normale à créer ce pastiche génial était dûment prouvée, j'y verrais tout autre chose que la sur- vivance de Dickens. Toutes les suppositions me paraîtraient préfé- rables à cette hypothèse naïve et simple, mais terriblement invrai- semblable, et pour moi inadmissible, que Ch. Dickens est revenu de l'autre monde pour mouvoir les muscles brachiaux de James.

Le langage martien, créé par le formidable génie d'HÉLÈNE Smith, indique tout ce dont est capable l'inconscient. Personne ne peut rai- sonnablement supposer que cet idiome ait quelque réalité, c'est-à- dire que les habitants de Mars (s'il y en a) parlent ce langage baroquement dérivé du français. Flournoy a montré, dans son livre incomparable, quels étaient les mécanismes mentaux ayant procédé à cette création d'une langue nouvelle. Le langage martien d'HÉLÈNE Smith fait supposer que le langage sanscrit parlé par elle relève de la même inspiration inconsciente 1 .

Cependant le problème est un peu plus incertain pour le sans- crit d'HÉLÈNE Smith que pour son langage martien, car le sanscrit est une langue véritable, d'ailleurs extraordinairement difficile. Or Hélène n'a pas eu de livres sanscrits à sa disposition (les livres sans- crits ne sont pas très abondants) ; elle n'a pas fréquenté les biblio- thèques publiques, et cependant ce qu'elle dit est manifestement du sanscrit, un sanscrit rudimentaire, défectueux, informe, mais enfin du sanscrit 2 .

M. de Saussure, s'adressant aux lecteurs innombrables auxquels le sanscrit est inconnu, et voulant les mettre à même d'apprécier la correction du sanscrit d'HÉLÈNE, a eu l'ingénieuse idée de montrer par une comparaison avec le latin ce qu'est le sanscrit d'HÉLÈNE :

1. Un autre essai de langage martien et de roman martien, assez misérable d'ailleurs, a été tenté par Mad. Smead, que J. Hyslop a étudiée. Jl n'y a pas grand enseignement à en tirer, J. Hvslop. G. La médianimité de Mad. Smead, A. S. P., 1906, VI, 461-502).

2. Dans ses Nouvelles observations (p. 212-213) Flournoy dit qu'une personne dans la maison de laquelle Hélène donnait des séances avait une grammaire sanscrite qui se trouvait dans la pièce même ou les séances avaient lieu. Mais comment Hélène aurait-elle pu trouver au milieu d'une séance le temps de méditer cette grammaire à l'insu de tous pour en pénétrer les éléments? A-t-elle en cachette, inconsciemment peut-être, emporté pendant quelque temps le livre chez elle?

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