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ÉCRITURE AUTOMATIQUE 89

Mais que ce soit le spectre, ou la sorcière, ou l'ombre, C'est toujours toi, lion, et ta griffe de 1er. Tu remplis tellement la'grande forêt sombre, Que Dante te rencontre en entrant dans l'enfer.

Tu n'es dompté qu'à l'heure où la mort, belluaire, T'arrache de la dent l'àme humaine en lambeau. Te prend, dans la forêt profonde et séculaire, Et te montre du doigt ta cage, le tombeau.

Quelquefois Victor Hugo interrogeait les esprits, et naturelle- ment, c'était eu vers admirables. Uu jour il s'adresse à Molière :

Les rois, et vous, là-haut, changez-vous d'enveloppe ? Louis quatorze au ciel n'est-il pas ton valet ? François premier est-il le fou de Triboulet ? EtCrésus, le laquais d'Esope?

Ce n'est pas Molière qui a répondu : c'est I'Ombre du Sépulcre.

Le Ciel ne punit pas par de telles grimaces, Et ne travestit pas en fou François premier, L'enfer n'est pas un bal de grotesques paillasses, Dont le noir châtiment serait le costumier.

Mal satisfait de cette réponse, Hugo s'adresse encore à Molière :

Toi qui du vieux Shakspeare as ramassé le ceste, Toi qui près d'Othello sculptas le sombre Alceste, Astre qui resplendis sur un double horizon, Poète au Louvre, archange au ciel, ô grand Molière ! Ta visite splendide honore ma maison.

Me tendras-tu là haut ta main hospitalière ? Que la fosse pour moi s'ouvre dans le gazon. Je vois sans peur la tombe aux ombres éternelles ; Car je sais que le corps y trouve une prison, Mais que l'àme y trouve des ailes.

Alors I'Ombre du Sépulcre, probablement irritée, a répondu :

Esprit qui veux savoir le secret des ténèbres, Et qui, tenant en main le céleste flambeau, Viens, furtif, à tâtons, dans nos ombres funèbres, Crocheter l'immense tombeau !

Rentre dans ton silence, et souffle tes chandelles, Rentre dans cette nuit dont quelquefois tu sors, L'oeil humain ne voit pas les choses éternelles, Par dessus l'épaule des morts.

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