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HISTORIQUE

Ces deux éléments : sensibilité plus grande à un poison par l’injection antérieure de ce même poison, et période d’incubation nécessaire pour que cet état de sensibilité plus grande se produise, constituent les deux conditions essentielles et suffisantes de l’anaphylaxie.

On verra plus loin à quel point ce phénomène est intense et facile à vérifier. Il n’est donc pas étonnant qu’on retrouve, épars dans divers travaux de physiologie

    4e et 5e jour, ou même plus tard. Nous gardâmes donc les chiens qui avaient été injectés par une dose insuffisante et par conséquent n’étaient pas morts ; car nous voulions les faire servir à une seconde expérience après qu’ils seraient complètement rétablis.

    C’est alors que se présenta un fait imprévu. Ces chiens guéris étaient d’une sensibilité extraordinaire et succombaient à des doses faibles, en quelques minutes.

    L’expérience caractéristique, celle qui m’a présenté le phénomène dans toute son indiscutable netteté, a été faite sur le chien Neptune. C’était un chien exceptionnellement vigoureux et bien portant. Il avait reçu d’abord 0,1 de liquide glycériné sans être malade. Vingt-deux jours après, comme il était en excellente santé, je lui injecte la même dose de 0,1. Alors aussitôt, quelques secondes après que l’injection a été terminée, il est extrêmement malade ; la respiration devient angoissée, haletante. Il peut à peine se traîner, se couche sur le flanc, est pris de diarrhée et de vomissements sanguinolents. La sensibilité est abolie et il meurt en vingt-cinq minutes.